La semaine a été pénible parce que les Algériens étaient inquiets. Non seulement ils ne comprennent pas tout ce qui se passe dans leur pays mais, en plus, ce qu'on leur annonçait comme imminent n'inspire pas la sérénité. Il était donc question de «marches contre le 5e mandat» et quand il y a «marche», les Algériens ont toujours peur pour leurs enfants, c'est comme ça. Les parents ne marchent jamais ? C'est un débat à envisager pour un autre jour. Pour l'heure, à défaut de satisfaction, il y a quand même eu quelques soulagements : les marches ont été calmes, pacifiques, organisées et la police a observé de loin, par endroits bienveillantes. C'est formidable ou c'est… louche ? La semaine a été pénible. Si vous ne le saviez pas, vous avez dû l'apprendre ces derniers jours : en Algérie, les choses étant au point où elles sont, si vous pouvez réunir deux cents personnes dans chaque ville où vous passez, on commence à vous prendre au sérieux en tant que candidat à la présidentielle. Mettez quelques centaines de curieux autour de vous, faites un discours décousu de 6 minutes. Commencez par accabler le pouvoir et terminez en disant que vous êtes là pour le faire partir, et le tour est joué. C'est ce que vient de réussir Rachid Nekaz. Vous croyez qu'on n'a pas oublié ses formulaires «volés» sur la route du Conseil constitutionnel ? Eh bien, si on les a oubliés. «Il a réuni des centaines de jeunes et il leur a parlé dans leur langage.» Il paraît qu'après ça, on n'a besoin ni de programme, ni de discours, ni de structure ni même de… formulaires ! La semaine a été pénible parce qu'elle aura été entièrement «politique». Dans le sillage des marches et de Rachid Nekaz, le maire de Khenchela a été… limogé par le wali. La tutelle n'a pas supporté l'affront fait au pouvoir par les supporters de Nekaz qui ont arraché le portrait géant de Bouteflika accroché au fronton de la mairie. Chose curieuse, sur les réseaux sociaux, on s'est plus attardé sur «l'illégalité» du limogeage que sur la symbolique et le sens politique des faits. Comme si c'est la première fois qu'un élu est viré, comme si un jour, on a pu empêcher ça. Les maires, surtout ceux de la «majorité», eux, savent généralement qui les… désigne. Alors, ils ne vont pas jouer aux héros en faisant valoir un statut d'élus qui ne «bougent que par la volonté populaire». Elle n'y a été pour rien dans leur promotion. La semaine a été pénible. Il a encore été question de «candidat du consensus» cette fois, à l'initiative de Djaballah. Les «candidats du consensus», il y en a eu beaucoup depuis quelque temps. Elle a commencé dans cette virtualité : le régime n'ayant pas réussi à trouver une alternative consensuelle, il a fini par reconduire celui qu'il avait sous la main. Puis il y a eu Makri qui voulait un candidat du consensus, c'est-à-dire… Makri. Il a fini par se présenter tout seul, comme un grand. Enfin avec Djaballah, qui a réuni récemment «l'opposition» chez lui. Un autre bide et au final, il n'y a aucun consensus, sans doute parce qu'il y en a eu… beaucoup. La semaine a été pénible. L'ami et confrère H'Mida Layachi s'est retiré de la direction de campagne du candidat Ali Ghediri où il devait diriger la communication. Jusqu'à ce qu'on en sache plus sur ce retrait, le moins qu'on puisse dire est qu'il a surpris beaucoup de monde. D'abord parce qu'il est inédit, ensuite parce que les explications du concerné n'ont pas convaincu grand monde. S. L.