C'est une véritable course contre la montre. Après avoir perdu beaucoup de temps dans des initiatives sans issue, l'opposition se cherche toujours une solution commune pour affronter l'élection présidentielle du 18 avril prochain. A seulement 20 jours de la date butoir pour le dépôt des dossiers de candidature, l'opposition est toujours divisée. Les tractations s'accélèrent depuis l'annonce de la candidature du chef de l'Etat pour un cinquième mandat. L'initiateur de la démarche, à savoir le président du FJD, Abdellah Djaballah, a multiplié ses rencontres avec les chefs des partis de l'opposition dans l'objectif de présenter un candidat unique de l'opposition à ce rendez-vous. Le leader islamiste a rencontré le président de Talai El Houriyyet et candidat Ali Benflis, le président du MSP, Abderrazak Makri, le président du RCD, Mohcine Belabbas, le général à la retraite et candidat Ali Ghediri, l'ancien ministre de la communication, Abdelaziz Rahabi, le président de l'UDS, Karim Tabou et d'autres personnalités. «Globalement, l'initiative a été bien accueillie par ces personnalités. À partir de la semaine prochaine, nous allons organiser des rencontres collectives pour débattre d'un candidat unique à la présidentielle et de son programme électoral», a déclaré à la presse Lakhdar Benkhellaf, chargé de communication du FJD. Même les partis qui ont décidé de boycotter l'élection, en l'occurrence le RCD, le FFS et Jil Jadid, sont contactés dans le cadre de ces tractations. L'option d'un boycott collectif de la présidentielle n'est pas à écarter, surtout avec la candidature de Bouteflika qui est considérée comme un acte qui ferme le jeu électoral. Mais il sera difficile pour l'opposition d'adopter une position commune. Pour le principe d'un candidat unique de l'opposition, ils sont tous d'accord. Mais chacun tire la couverture vers soi et souhaite être ce candidat qui fédère toute l'opposition. Peut-on imaginer un Ali Benflis, ancien chef du gouvernement, ancien secrétaire général du FLN, deux fois candidat à la présidentielle (2004 et 2014) soutenir un autre candidat de l'opposition ? En attendant la réunion du comité central de son parti, le retrait pur et simple de Benflis de la course est évoqué. Le MSP dont le président Abderrazak Makri avait menacé de se retirer en cas de candidature de Bouteflika a fini par changer de position : il est candidat malgré cette candidature. Le bureau exécutif du MSP s'est réuni au lendemain de l'annonce de la candidature de Bouteflika pour un cinquième mandat. Il a exprimé son accord de principe avec l'initiative de Djaballah, tout en exprimant son attachement à la décision du Conseil consultatif de participer à l'élection. Le MSP a appelé les candidats opposants à se concerter et à dégager une vision commune sur «comment faire face aux dangers qui menacent l'élection et garantir sa transparence». Et dans une réponse à une détractrice «progressiste» sur sa page facebbok, Abderrazak Makri lance : «En ce qui nous concerne, nous nous sommes de nouveau engagés à combattre le 5e mandat rationnellement, mais cette fois-ci pas avec cette élite intellectuellement paresseuse et de surcroît complexée ; nous allons le faire avec le peuple». Un tel candidat peut-il accepter de soutenir un autre candidat, lui a déjà affirmé qu'il était le candidat du consensus ? Le général-major à la retraite, Ali Ghediri, a affirmé, lui aussi, qu'il maintient sa candidature malgré celle de Bouteflika. Il affirme que cette candidature ne le décourage pas, soutenant qu'il est le candidat du peuple. Ali Ghediri qui n'envisage pas la défaite n'est certainement pas près de sacrifier sa candidature au profit d'un autre. Chacun souhaitant donc être le candidat du consensus de l'opposition, il sera impossible pour cette opposition de trouver un consensus sur un candidat unique. Surtout que le temps ne joue pas en leur faveur.