La marche contre le 5e mandat vendredi dernier exprimant le rejet de la candidature de Bouteflika, n'a pas apparemment surpris les partis politiques. La plupart d'entre eux se disent confortés dans leurs analyses. Ils se sont félicités par ailleurs, du caractère pacifique de cette protestation populaire. Ramdane Youcef Taâzibt, membre du bureau politique du Parti des travailleurs (PT) : «Nous n'avons pas été surpris par la marche du peuple algérien contre le 5e mandat. Lorsqu'il y a une accumulation de problèmes, de privations et d'attaques, un moment donné, personne ne sait d'où l'étincelle peut venir. Nous n'avons jamais douté des capacités du déferlement du peuple algérien». Ahmed Adimi, porte-parole, Talaie El Hourriyet : «Nous savions que les Algériens allaient sortir dans la rue. Il y a eu un grand travail à travers les réseaux sociaux où beaucoup d'écrits et de publications ont circulé entre des jeunes et des moins jeunes. Nous nous attendions à une réaction du peuple algérien qui nous a habitués à ça. L'annonce du 5e mandat est une humiliation insupportable pour les Algériens. Donc, nous nous attendions à cette sortie. Pour notre parti, nous nous inscrivons dans l'après-Bouteflika. Nous devons réfléchir à cette question tous ensemble : les partis politiques, les associations et tous les Algériens. Seulement, c'est malheureux de voir le peuple sortir dans la rue tout seul sans l'élite algérienne qui est complètement absente. Où sont les poètes, les écrivains, les docteurs d'université et les hommes politiques ? Où sont-ils passés ?». Dans son communiqué, le parti Talaie El Hourriyet a salué les marches de protestation contre le régime politique en place, plus particulièrement contre le 5e mandat. Il s'est également félicité du caractère pacifique de cette protestation populaire contre ce «coup de force du pouvoir politique en place et le haut degré de civisme et de maturité des manifestants». «Talaie El Hourriyet soutient, sans réserve, le droit constitutionnel des citoyens à manifester publiquement et pacifiquement leur opposition à une décision irresponsable qu'ils ont ressentie comme une humiliation et une provocation et contre un régime qui se prépare à détourner, une fois de plus, la volonté populaire, pour sa survie. Les marches qui ont eu lieu à Alger ont administré aux autorités une preuve tangible que l'on peut manifester dans la capitale sans risque pour l'ordre public, en respectant les biens et équipements privés et publics et les infrastructures, et sans qu'une tendance politique particulière puisse récupérer et orienter les mouvements de protestation. Le 22 février, le peuple algérien a exprimé le rejet absolu du 5e mandat, de la gestion du pays par les forces extraconstitutionnelles et de la corruption généralisée qui a infesté tous les rouages de l'Etat». Soufiane Djilali, président Jil Jadid : «Je vous mentirai si je vous disais que je m'attendais à ce qu'il y ait autant de monde à la marche du vendredi 22 février. On espérait entre dix mille et quinze mille manifestants et là, ça a dépassé toutes nos espérances. On savait qu'il y avait une très grande frustration chez les Algériens de tous âges, de toutes classes sociales, qu'il y avait cette envie de rejeter le pouvoir mais on ne savait pas à quel point la peur allait s'effondrer. Là, les Algériens se sont réellement exprimés. Il ne faut surtout pas rentrer tranquillement chez soi et se délecter des incroyables et impressionnantes images de cette marche parce que le système va entrer dans une phase de manœuvres pour essayer de détourner cela. Il faut maintenir la pression même si elle n'est pas de la même ampleur, jusqu'à la fin». Abderrazak Makri, président du Mouvement de la société pour la paix (MSP) : «Nous n'avons pas du tout été surpris, la preuve c'est que nous avions établi une cellule de suivi dès la veille. Nous avons été bien conscients que la marche allait être grandiose. Le peuple algérien est dans le ras-le-bol par rapport au 5e mandat. Ce message doit être bien perçu surtout par ceux qui poussent le Président pour un 5e mandat». Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) : Dans son communiqué, le RCD souligne que «les manifestations du 22 février 2019 qui se sont déroulées à travers de nombreuses localités du pays et singulièrement dans la capitale, ont clairement signifié le rejet de la mascarade électorale du 18 avril 2019. Par leur nombre et le contenu de leurs revendications, elles ont aussi et surtout clamé haut et fort leur refus du maintien d'un système politique qui dénie au peuple algérien, depuis le premier jour de l'indépendance, sa souveraineté et son droit à choisir ses institutions et ses mandants. Acculée au désespoir et la harga, la jeunesse algérienne qui fut l'avant-garde et la substance de ces manifestations historiques a démontré sa pleine détermination à obtenir le changement et simultanément a administré, par son calme, une leçon de civisme et de fraternité. Elle a décidé de prendre son destin en main pour vivre libre et digne dans son pays. Instruite par les usurpations de ses sacrifices en 1988, avertie du sort réservé au Président Boudiaf qui lui a redonné espoir, elle ne se laissera pas, cette fois, voler son combat par des carriéristes qui veulent réduire son engagement au rejet d'un cinquième mandat, certes indigne, humiliant et désormais dépassé, mais qui n'est que la face émergée de l'iceberg qui menace la nation. Le RCD qui a mis en garde et qui met en garde une nouvelle fois contre la tentation de l'usage de la violence pour réprimer des contestations pacifiques et légitimes, rend hommage aux populations qui ont défilé dans le calme pour exprimer leur haine du système de la hogra, de l'opacité et de la corruption. Le RCD estime qu'il est urgent d'ouvrir une issue qui redonne espoir et qui mobilise le pays pour une alternative démocratique et pacifique. Les tenants de la présentation de la candidature de Bouteflika ou d'une autre candidature de substitution pour maintenir un régime d'oppression doivent tirer les seules conclusions qu'appelle le référendum populaire du 22 février : la fin du système qui sévit depuis 1962». Le Front des forces socialistes (FFS) Le FFS salue dans un communiqué «la mobilisation pacifique des Algériennes et des Algériens pour le changement du système, l'Etat de droit et l'avènement de la deuxième République. Le peuple algérien aujourd'hui, maintenant, est pour le changement du système, et aspire depuis plus d'un demi-siècle au droit à l'autodétermination». Front El Moustakbal : Le parti s'est félicité du «sens civique élevé et l'esprit de citoyenneté dont ont fait preuve toutes les couches du peuple algérien qui exige du pouvoir une écoute attentive et une réponse à ses revendications». Propos recueillis par Rym Nasri