L'ancien chef de gouvernement, Ali Benflis, maintient le suspense jusqu'au bout, concernant sa candidature à la présidentielle du 18 avril prochain. Ce sera, ainsi, le dimanche 3 mars prochain, soit au dernier jour des délais fixés pour le dépôt des dossiers de candidature au niveau du Conseil constitutionnel, que la décision finale sera tranchée au cours d'une réunion extraordinaire du bureau politique du parti présidée par Benflis, Talaie El Hourriyet. Kamel Amarni - Alger (Le Soir) - C'est ce qu'a annoncé le parti, dans un communiqué rendu public, hier mercredi, à l'issue d'une réunion de son bureau politique. «Le comité central du parti ayant été empêché de se réunir suite au refus d'autorisation de la Wilaya d'Alger, le président du parti a engagé des consultations avec des membres de cette instance. Le bureau politique se réunira en session extraordinaire, le 3 mars prochain, pour prendre une décision sur la position du parti vis-à-vis de l'élection présidentielle, sur la base des résultats de ces consultations», y lit-on en substance. Pour rappel, Talaie El Hourriyet devait réunir son comité central, aujourd'hui même, jeudi, à la mutualité de l'UGTA à Zeralda pour trancher cette même question de la présidentielle. Or, et contre toute attente, cette réunion a été interdite — c'est le mot — par le ministère de l'Intérieur. Ce que le parti dénonce. «Talaie El Hourriyet a été empêché de tenir la réunion du comité central alors que des membres résidents à l'étranger et dans le Grand Sud étaient déjà à Alger», affirme le parti qui accuse clairement Nourredine Bédoui d'en être l'instigateur. «Le parti rend responsable le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales du préjudice causé à un parti politique agréé. Il considère que le ministre s'est départi de sa qualité de ministre de la République qui lui impose la neutralité pour se mettre au service d'un candidat et des seuls partis politiques de l'Alliance présidentielle.» Ceci étant, le parti de Benflis n'a pas manqué de revenir, longuement dans son communiqué d'hier, sur l'événement qui a marqué l'actualité ces derniers jours, «à savoir, précise le parti, les marches de protestation populaires contre le régime politique en place et, plus particulièrement, contre le 5e mandat, qui se déroulent aux quatre coins du pays, et dans plusieurs capitales à travers le monde, pratiquement deux semaines, particulièrement celles qui ont eu lieu le vendredi 22 février et le dimanche 24 février». Le parti de Benflis affirme qu'il a «salué ces marches, éminemment politiques (…) ainsi que le degré élevé de discipline, de civisme, de maturité et de conscience politique des citoyens qui ne marchent pas pour dénoncer des pénuries d'eau ou d'électricité, ou pour protester contre le coût de la vie, mais bien pour dire leur ras-le-bol d'un pouvoir autoritaire illégitime qui les a longtemps méprisés». Le parti dit également soutenir, «sans réserve, le droit constitutionnel des citoyens à manifester publiquement et pacifiquement leur opposition à une décision qu'ils ont ressentie comme une humiliation et une provocation, et dénonce ceux qui sont derrière cette décision irresponsable, plaçant leurs intérêts et privilèges au-dessus de l'intérêt supérieur de la Nation, qui n'ont eu de respect ni pour la personne du Président malade lui-même, ni pour la Constitution et les lois de la République». Dans le même sillage, le parti rend hommage à la communauté nationale à l'étranger. De même qu'il dit saluer «le rassemblement des avocats et celui des étudiants sortis en masse pour dénoncer le 5e mandat, et l'attitude courageuse des journalistes de la Radio nationale (…) Les revendications des journalistes de la Radio nationale et de l'ENTV sont porteuses d'un espoir de changement dans les médias publics». Enfin, Talaie El Hourriyet met en garde «contre la tentation de réprimer les manifestations prévues pour les prochains jours à travers tout le pays». A rappeler, par ailleurs, que, s'agissant d'une éventuelle candidature de Ali Benflis, le parti a, bien évidemment, pris les devants en procédant à la collecte des signatures, une simple formalité pour l'ancien chef de gouvernement qui, en 2004 et en 2014, était véritablement un sérieux rival pour le candidat du pouvoir. K. A.