Il y a une vie en dehors du 5e mandat ? Certainement, même si la vie doit passer par là. Plus exactement par l'évolution et l'aboutissement de l'extraordinaire vent de révolte qui secoue le pays. L'Algérie sent bon de ses doux aromes et de ses colères apaisées. Oui, il se passe quelque chose et, une fois n'est pas coutume, les palpitations augurent une cinquième saison et poussent l'inquiétude dans son petit coin. Il y a une vie en dehors du cinquième mandat et de la belle protestation. La semaine a été moins pénible avec Djazagro, un salon annuel de l'agroalimentaire qui tombait mal ou bien, selon les yeux qui font le regard. Ceux qui y voient une «foire» comme une autre destinée à faire la fête là où il n'y a pas de couscous ne manquent pas d'arguments. Il y a tellement de parades cachant le vide sidéral que le scepticisme a fini par prendre ses aises sur tous les pans de l'activité nationale. Mais dans un pays où l'entreprise productrice de biens ou de services et génératrices d'emploi est si peu «à l'ordre du jour», c'est toujours bon à prendre. La semaine a quand même eu ses jours pénibles. D'abord cette succession de footballeurs contrôlés positifs à la cocaïne. On aura retenu en premier cette énormité : la presse sportive comme les instances du football national parlent de… dopage. Non, Messieurs, on ne consomme pas de la «poudre» pour améliorer ses performances sportives, c'est de drogue qu'il s'agit. La dure. Et quand le joueur d'El Harrach, présumé contrôlé positif, nie tout simplement avoir subi le test en prétendant que quelqu'un d'autre est passé à sa place, ça fait vraiment désordre. S'il a raison, c'est grave. S'il a tort, c'est toujours grave. Ensuite, ce nouveau débrayage dans l'éducation qui aurait pu occuper le devant de la scène, si ce n'est «ce que l'on sait». La grève des écoles, c'est toujours sérieux, en «temps normal». D'abord parce que ce n'est jamais populaire, surtout que ça tourne toujours autour des histoires de salaires, de primes, de logement et d'évolution de carrières, jamais des questions pédagogiques, de programmes et de cantines et transports scolaires. Et maintenant de… pouvoir d'achat. Ensuite, il y a la «conjoncture». D'aucuns y voient une sorte d'opportunisme des syndicats qui croiraient que le pouvoir est disposé à toutes les concessions, histoire de ne pas ouvrir d'autres fronts à un moment où il y a «mieux à faire». Enfin, la semaine a été pénible, avec cet enregistrement audio d'une discussion entre Abdelmalek Sellal et Ali Haddad. Le document ne sera sans doute jamais officiellement authentifié mais c'est déjà fait au sein d'une large opinion qui n'en demandait pas tant. Surtout que dans cet échange au ras des pâquerettes, il n'y avait pas grand-chose qu'on ne savait déjà. Mais c'est toujours bon que les choses se confirment, n'est-ce pas ? Inquiétant, quand même. S. L.