Est-ce qu'il y a une vie en dehors de la Coupe du monde ? Normalement oui. D'abord parce qu'on a beau dire, toute l'humanité n'est pas un folle de foot. Même si les certitudes ont la peau dure, il y a des quidams qui s'en foutent comme de leur dernière chemise de l'événement qui se passe en Russie, planétaire ou pas. Il se trouve même qui s'en agacent au point de souhaiter vivement qu'on en finisse. Avec tous les désagréments collatéraux que ça leur coûte, les femmes sont au premier rang des râleurs. Parce que si on peut ne pas s'intéresser au ballon, le ballon s'impose quand même à vous. Nos dames se voient ainsi privées de télé par leurs juntes mâles aux heures qu'elles affectionnent particulièrement, pâtissent de leurs humeurs exécrables et subissent leurs crises d'hystérie qu'elles ne comprendront jamais, au point de n'y voir que folies furieuses. En plus de l'état de siège permanent qu'elles subissent à la maison, ce n'est guère mieux dehors. Sur les routes, les fous de Coupe du monde ajoutent de la folie à la folie. Ça klaxonne, ça roule comme des fusées, ça dépasse par la droite, ça fait des queues de scorpion, tout y passe, la batterie du parfait chauffard plus quelques trouvailles du cru pour faire de tous les itinéraires de périlleux passages où la mort guette. Avec trois rendez-vous de matchs par jour, les heures «de pointe» ne se comptent plus et ajoutées aux moments de grande affluence habituels, l'enfer devient plus... infernal. Pour le reste, l'essentiel des restaurants deviennent de véritables arènes. Rentabilité oblige, ces lieux de plaisir se muent en usines à tintamarres où ceux qui viennent manger un morceau et discuter dans le calme se retrouvent à subir le diktat de dieu foot qui s'impose à tous, dans tous les espaces. Pensée attendrie pour ceux qui ne vibrent pas pour les performances de Ronaldo, ne s'émeuvent pas pour la détresse de Messi ou ont d'autres raisons d'être tristes que l'élimination sans gloire des équipes «arabes». Sinon, c'est l'été, la politique aurait pu être en trêve mais il y a le cinquième mandat et les plus pressés n'ont pas attendu la «rentrée». Ouyahia «demande» la candidature de Bouteflika. Belkhadem réplique en disant qu'il l'a fait avant lui, ce qui fait apparemment de la chronologie une question de vie ou de mort. Benyounès va attendre septembre parce que «les 7 et les 8» attendent toujours. Louisa Hanoune aime le Président autrement et prépare donc sa course de lièvre. Pour le reste, il y a le bac qui se termine sans scandale majeur, ce qui n'est pas négligeable. Il y a les résidents qui ont repris sans qu'on sache pourquoi. Mais ce n'est pas important puisqu'on ne sait pas vraiment non plus pourquoi ils ont commencé. C'est l'été, il y a une vie en dehors de la Coupe du monde même quand on le dit sans grande conviction. S. L.