Pour booster l'industrie pharmaceutique, faut-il augmenter les prix des médicaments ? C'est la thématique à laquelle le président de l'Union nationale des opérateurs de la pharmacie (Unop), Abdelouahed Kerrar, a été convié pour expliquer les tenants et les aboutissants du marché des médicaments au moment où la production nationale arrive à couvrir plus de 50% des besoins. Le président de l'Unop qui s'est exprimé à l'émission L'invité de la rédaction de la Chaîne 3, a jugé qu'«en raison des investissements importants qui ont été consentis dans cette industrie il est normal que le système de prix change». Donc, il faut réviser les prix des médicaments qui sont gérés par un décret datant de 1998 et depuis, les sources ont changé selon ses dires. «Nous étions dans une logique de l'importation à cette époque mais depuis, il y a eu des investissements importants et c'est tout à fait normal que le système de prix s'adapte à ces nouveaux changements», a-t-il expliqué. Réviser les prix ne pourra-t-il pas compromettre l'équilibre de la sécurité sociale et remettre en cause quelques acquis comme le tiers payant ? L'interlocuteur abordera ainsi la grande confusion dans l'esprit des différents interlocuteurs au niveau des ministères entre le prix du médicament et le remboursement. «Le prix du médicament ne devrait pas souffrir de problèmes de sécurité sociale», a-t-il indiqué avant d'ajouter : «L'enjeu du médicament n'est pas seulement social, c'est surtout un enjeu économique et aussi de développement de la filière pharmaceutique et des personnels qu'elle occupe». Dans sa politique de médicament, l'Algérie a trois objectifs, à savoir assurer l'accessibilité de soins qui passe par une pression permanente exercée sur les prix, mettre à la disposition des patients des produits de qualité et installer une industrie forte performante et de qualité. M. Kerrar relève qu'en Algérie, il n'y a jamais eu d'ajustement du prix du médicament, un produit, dit-il, qui «n'a jamais fait l'objet de débats», au vu de la croissance «fulgurante» qu'a connue ce secteur au cours des dix dernières années. Affirmant que les réajustements proposés ne vont pas se faire au détriment de la couverture de sécurité sociale, insistant que c'est grâce à une bonne production des produits de soins que «nous avons réussi à baisser les prix» et à employer «des centaines de milliers d'Algériens». Il prévient que «si nous continuons comme ça», c'est-à-dire à maintenir le coût du médicament à son niveau actuel, «nous allons assister à un déclin de cette industrie» avec le risque de retour à la case importation tout en insistant sur la qualité des produits nationaux qui se font selon les standards internationaux. Ilhem Tir