Coup de théâtre au Front El Moustakbel. Abdelaziz Belaïd se retire de la course à la présidentielle. Il dit ne pas pouvoir cautionner l'hérésie de la candidature du Président en exercice. Seule condition pour poursuivre le processus, le retrait de cette candidature rejetée par la volonté populaire. Nawal Imès - Alger (Le Soir) - Au lendemain de l'expiration du délai du dépôt des candidatures, le président du Front El Moustakbel annonce son intention de se retirer, affirmant ne pas pouvoir prendre part à une mascarade qui a commencé avec la collecte des signatures et qui s'est clôturé par un dépôt de dossier en violation des lois de la République. Face à un parterre de journalistes, Abdelaziz Belaïd a expliqué sa position, affirmant que son parti avait jusque-là cru à la possibilité d'un changement réclamé par la rue. Le dépôt du dossier du Président-candidat, ajouté à la lettre lue en son nom a fini par persuader le président du parti de l'inutilité de prendre part à des élections dont l'issue est connue. Pour le numéro un du Front el Moustakbel, la place du parti est du côté du peuple qui a déjà dit son dernier mot au sujet de la présidentielle. La candidature par procuration du Président en exercice l'a plus qu'exaspéré. C'est une violation flagrante des lois de la République, dit-il, ajoutant que la démonstration de force de son représentant ne laisse aucun doute sur l'issue des élections. Avec 5 millions de signatures de citoyens et près de 20 000 émanant d'élus, ironise Belaïd, il n'est même plus la peine d'organiser des élections. Cette façon de faire, argumente Belaïd, est une insulte au moment où le Conseil constitutionnel est appelé à prendre ses responsabilités. Le parti est néanmoins hostile à l'idée de reporter les élections ou de prolonger le mandat de l'actuel Président. Les situations d'exception, estime-t-il, sont toujours préjudiciables aux libertés et ne servent que les intérêts du régime en place. Belaïd rappelle qu'en prenant la décision de participer à la présidentielle, son parti croyait à la possibilité du changement même s'il était convaincu que les élections sont souvent tronquées. Son bureau national avait alors conditionné sa participation par l'arrêt de toute forme de fraude et la mise en place d'une commission de supervision indépendante. Malheureusement, déplore son président, la collecte des signatures a donné lieu à des pressions incroyables sur les élus et les administrations se sont transformées en comité de soutien du Président. Les marches populaires, ajoute-t-il, ont insufflé un espoir, conclut-il, avant que la lettre attribuée au Président ne vienne tout simplement tourner le dos à la volonté populaire. N. I.