Plus imposante et mieux organisée que ses précédentes, la mobilisation estudiantine de Annaba, hier mardi, a drainé au bas mot quelque 5 000 étudiants accompagnés de plusieurs de leurs professeurs. Point de ralliement, le cours de la révolution était noir de monde. Bravant les interdits les confinant à l'intérieur de leurs campus, ils ont parcouru plusieurs kilomètres séparant leurs pôles universitaires, Sidi Achour, El Bouni et Sidi Amar du centre-ville. Ils rejoignaient les étudiants des écoles supérieures des sciences de gestion, celle des technologies ainsi que la faculté de médecine implantées à l'intérieur du tissu urbain du chef-lieu de wilaya, présents dès le début de la matinée sur les lieux. Avec un degré de conscience élevé et une maturité qui a étonné plus d'un, jeunes filles belles et rebelles, côte à côte avec leurs camarades garçons, drapés de l'emblème national, agitaient des banderoles et des pancartes. Sur celles-ci étaient inscrits des slogans ne laissant aucun doute à leurs revendications. Aux classiques mots d'ordre «Pouvoir assassin», «FLN dégage», «le peuple ne veut ni Bouteflika ni Saïd», «Silmia, Silmia, matalibouna Chariîa» (pacifiques, nos revendications sont légales), «Echaâb el djeich Khaoua Khaoua» (le peuple et l'armée sont frères), sont venus s'ajouter de nouveaux slogans. On pouvait, ainsi, lire : «La dirassa la tadriss hatta yarhal errais», (pas de cours avant le départ du président), «ya lilaâr Houkouma Bila qarar» (quelle honte, un gouvernement sans décisions», «mouthaqafoun linnidham rafidhoun », (instruits qui abhorrent le pouvoir), «l'Algérie n'est pas une monarchie», «non au pouvoir des mafieux». dans le calme, la marée humaine a occupé pendant plusieurs heures le cours avant d'entamer une marche qui faisait en boucle le tour de cette place mythique de l'ancienne Lala Bouna. «Les dernières propositions du pouvoir sont refusées en totalité. Elles visent à désamorcer le mouvement de protestation qui a surpris tout le monde, en premier lieu les tenants du pouvoir. Les protestations se déroulent dans le calme sans aucune violence. Nous prouvons au monde notre degré de civilisation», dira l'un des professeurs qui manifestaient avec ses étudiants. «Ils veulent s'accrocher au pouvoir. Nous leur disons 60 ans barakat. Laissez la place aux jeunes et aux compétences. Notre jeunesse n'aspire qu'à une seule chose. Elle désire vivre dans son pays en toute liberté et démocratie. Ne tuez pas l'espoir dans cette jeunesse que vous avez sacrifiée et à qui vous n'avez laissé qu'un seul débouché : la harga. Une aventure dont des centaines de jeunes ne sont jamais revenus», s'élève un étudiant en médecine qui termine son cursus cette année. comme elle a commencé, la protesta s'est terminée dans le calme sans aucune intervention policière. A. Bouacha