L'appel lancé sur les réseaux sociaux pour une grève générale à partir d'hier pour exercer plus de pression sur les tenants du pouvoir les obligeant à répondre aux revendications des manifestants, principalement leur rejet du 5e mandat, a eu un large écho dans la wilaya de Annaba. Une paralysie presque totale a été observée au chef-lieu de wilaya mais également dans les autres communes. Les rideaux de plus de 90% des commerces d'alimentation générale, des marchés des fruits et légumes notamment des principaux centres urbains et autres agglomérations étaient restés baissés hier matin. Des fonctionnaires des services publics dont ceux des communes, des impôts, des banques et autres institutions ont observé l'appel à la grève. Des commerçants grévistes abordés nous ont affirmé que malgré le manque à gagner conséquent à la fermeture de leurs commerces, ils adhèrent au mouvement populaire auquel ils appartiennent pour l'avènement d'une Algérie libre et démocratique où tous ses enfants seront égaux. «Nous voulons récupérer notre droit à une citoyenneté pleine et entière», affirment-ils. Un service minimum est toutefois assuré par des pharmacies et autres établissements sanitaires pour faire face aux urgences. Alors que les portes des écoles primaires étaient ouvertes pour recevoir les écoliers dont les examens du deuxième trimestre étaient programmés à partir d'hier mais, avec cependant un délai raccourci (de quatre jours précédemment, la durée a été ramenée à deux jours seulement), la plupart des enseignants des collèges ne sont pas sortis des salles des enseignants pour faire cours. Après une attente de plus d'une heure, les collégiens ont quitté leurs établissements. A Annaba, les manifestations de refus du 5e mandat appelant au départ du système politico-financier qui s'est accaparé des biens du peuple n'a pas fléchi. Le cours de la Révolution, place réceptacle de la colère du peuple, mais toujours dans une revendication pacifique, était envahi dès la matinée d'hier par une foule nombreuse, constituée notamment de lycéens des deux sexes qui sont sortis nombreux pour rejeter l'ordre inique instauré par ceux qui profitent des richesses du pays au détriment de la majorité du peuple. En rangs serrés et rejoints par de nombreux jeunes, ils ont scandé durant des heures les slogans habituels tels que «Ni Bouteflika, ni Saïd», «El Djeïch Echaâb khaoua khaoua» (l'armée et le peuple sont des frères), «One Two Three viva l'Algérie», « non au 5e mandat ». Par groupes compacts, ils parcouraient en boucle le cours de la Révolution afin d'accentuer la pression sur les tenants du pouvoir pour les forcer à se soumettre à la volonté populaire et quitter définitivement la scène politique avec les partis opportunistes et autres oligarques prédateurs qui les soutiennent. A. Bouacha