On aura d'abord retenu leurs inébranlables certitudes : pour l'armée d'internautes opérant sans noms ou à visages découverts, la victoire est déjà là. Il faut certainement partager leur optimisme même si ce ne sont pas les arguments qui manquent pour leur rappeler que ce n'est pas encore gagné. D'abord parce que jusqu'à preuve du contraire, le pouvoir n'a encore rien livré de consistant comme disponibilités à la concession, ni même au dialogue. C'est dire qu'en termes d'initiative politique, il en est encore à la désuète perspective d'un mandat miniature pour Bouteflika et « ses » engagements… en cas de victoire. On aurait pu leur demander ce qui se passerait si, à Dieu ne plaise, il perdrait le scrutin et ils n'ont pas besoin de nous répondre que la défaite « n'est pas à l'ordre du jour », pour reprendre une formule qu'ils affectionnent particulièrement depuis quelques années. Il y a d'ailleurs tellement de choses qui ne sont pas à l'ordre du jour qu'on se demanderait si ce n'est pas une façon de nous dire avec courtoisie que le pays est à l'arrêt. Mais pour rester dans l'actualité la plus fraîche, à moins qu'elle ne soit la plus… brûlante, voyons par quoi est accompagné leur « compromis historique » où le problème veut des prolongations pour… trouver des solutions ! Sur le terrain « opérationnel », y compris quand il s'agit de trouver la bonne entourloupette pour faire diversion, gagner du temps ou faire prendre aux Algériens des vessies pour des lanternes, le moins qu'on puisse dire est que l'imagination n'est pas au rendez-vous. Sans réel poste de commande, sans oreillette, perdus entre la tentation de déserter le navire en déperdition et l'espoir têtu d'un retournement de situation, les clientèles du régime se sont terrées pour sauver leur peau, ont osé l'impossible virage ou saisi le bâton par le milieu, dans d'indécodables contorsions. Ceux qui sont au cœur de la décision ou dans sa proche périphérie font dans le bric et le broc. Dans leur situation, il est vrai que c'est difficile de procéder autrement. Ils n'ont plus les moyens de leur arrogance et personne n'attend d'eux le courage politique de faire amende honorable. Cela donne lieu à des postures expliquées par leurs justes contraires, des manœuvres rangées aussi vite qu'elles ont été entreprises et des disparitions des radars qui ajoutent l'absence à l'opacité. Mais si tous ces ingrédients sont autant de signes du fruit mûr pour tomber, ce qui conforte l'optimisme du mouvement populaire, cela ne suffit pas pour baisser la garde, y compris face aux solutions de replâtrage envisagées à partir de ses propres rangs. Surtout face au pire, qui guette même s'il n'est pas toujours visible. S. L.