Rabah Saâdane est finalement reconduit à la tête de la sélection nationale, et pour deux années encore. Une surprise ? Pas vraiment pour qui connaît le fonctionnement mais surtout le mode de désignation des responsables, à quelque niveau que ce soit. Il ne s'agit pas ici de jeter la pierre sur un homme dont le nom, qu'on le veuille ou pas, est associé aux maigres performances de notre équipe de foot. Il ne s'agit pas non plus d'une chasse à l'homme, comme veulent bien la présenter certains milieux qui sont allés jusqu'à remettre en cause le patriotisme des adversaires de « la solution (facile) Saâdane ». L'équipe nationale appartient à tous les Algériens. Il est à ce titre logique qu'elle suscite ferveur et mécontentement quand son football ne tourne pas rond. Et l'expédition – ç'en était vraiment une – sud-africaine aura laissé bien des regrets chez des millions de supporters des Verts. Il y a, certes, des responsables qui sont payés pour rendre les Verts plus mûrs et les Algériens plus fiers. Mais avons-nous le droit d'assister, impuissants, à une succession de déroutes que nos responsables s'échinent, à fortes doses patriotardes, de nous présenter comme d'authentiques exploits ? La reconduction de Rabah Saâdane « vendue » avec l'étiquette « stabilité » est difficile à digérer pour une jeune et talentueuses équipe.Question à un dinar : peut-on s'attendre à un bel avenir pour les Verts avec un sélectionneur du passé qui fait du bétonnage défensif une constante tactique ? Comment aller de l'avant quand on veut surtout assurer ses arrières ? Il est une donnée que Rabah Saâdane ne pourra pas changer. Et la majorité des techniciens algériens le disent. L'homme est lourdement et définitivement imprégné de la culture du Catenaccio qui se présente sur le terrain non pour gagner mais pour ne pas perdre. Ce n'est malheureusement pas de la rhétorique, mais un constat fait y compris par ses propres joueurs (Matmour, Djebbour, Boudebouz…). Les défaites honorables... « Les Algériens n'ont pas osé » ; « il vous a manqué de l'audace devant ! » ; « je n'ai pas reconnu les Algériens qui nous ont battu à Alger » (Suares Uruguay)… Ce sont là quelques-uns des nombreux commentaires de techniciens de renommée mondiale, déçus d'avoir été privés du jeu algérien fait de passes courtes et de gestes technique de haut vol. Mais à l'arrivée, n'en déplaise aux glorificateurs des éliminations et autres amateurs des « défaites honorables » et des « nuls au goût de victoire », le bilan de Saâdane en Afrique du Sud est négatif. Bien qu'on ait incroyablement improvisé un accueil « chaleureux » à l'aéroport, Saâdane et ses troupes ont fortement déçu. Même le petit but de Zidane en 1986 n'a pas pu être égalé dans la moisson famélique du Mondial 2010. Or, ni les résultats techniques têtus ni le jeu qui laissait trop à désirer et encore moins la gestion catastrophique du groupe n'ont pesé, finalement, dans la balance. Le président de la FAF, censé dresser le bilan et prendre les décisions, est resté en Afrique du Sud jusqu'au tomber de rideau de la Coupe du monde. Pendant ce temps, les Algériens ne savaient pas trop ce qui allait advenir. Pas plus que Saâdane peut-être. Raouraoua a su subtilement absorber la colère populaire en prolongeant son séjour, le temps peut-être aussi de prendre la direction du vent… Saâdane, lui, est passé du statut d'homme à abattre à celui qui se fait désirer par les médias. Miracle algérien ! Au final, un laconique communiqué de la FAF nous apprend qu'après examen du bilan, il a été décidé de reconduire Saâdane. Echec recommencé ? Beaucoup d'Algériens le pensent. Le texte de Raouraoua a tout de même glissé quelques petites phrases suggérant que le maintien de Saâdane n'a pas forcément été décidé à la maison de Dely Ibrahim…Cela peut s'interpréter comme une volonté de s'en laver les mains, si on y ajoute la nomination d'un entraîneur adjoint. Mais au-delà de la reconduction de Saâdane qui ne fait pas l'unanimité, on relève ce soudain manque ou cette révision des ambitions de la FAF. Saâdane est juste tenu de qualifier les Verts à la prochaine CAN et d'arriver en finale. Il n'est donc plus question de la gagner, cette finale ! En clair et en décodé, on va une fois de plus jouer pas pour gagner mais pour faire bonne figure. Quitte à perdre contre l'Egypte ! Manque d'ambition, gagne-petit, changement dans la continuité, replâtrage, éternel apprentissage, absence d'objectifs… L'équipe nationale c'est, hélas, tout cela à la fois. Quand un pays si riche rechigne à se payer les services d'un grand technicien alors que des milliers d'euros sont dépensés pour le plaisir des enfants de la nomenklatura en Afrique du Sud et que des milliards de centimes sont détournés dans les entreprises publiques, faut-il s'étonner du maintien de Sâadane ?