Les décisions prises, avant-hier lundi, par le président de la République n'ont pas tardé, comme attendu, à susciter des réactions de désapprobation, voire de dénonciation du côté de l'opposition et de la société civile. M. Kebci - Alger (Le Soir) - C'est ainsi que le RCD, estimant que l'«heure est grave», appelle les acteurs politiques et sociaux à une riposte en mesure de l‘affront infligé à la Nation. Pour le parti que préside Mohcine Belabbas, «Abdelaziz Bouteflika vient de s'octroyer une prolongation illégale et indéterminée au poste de chef de l'Etat», mettant ainsi «au pas la Constitution pour livrer le pays à une bande mafieuse qui l'a déjà mis en coupe réglée». Et de voir en la nomination de Noureddine Bedoui au poste de Premier ministre et de Ramtane Lamamra comme adjoint, respectivement «un fidèle et un bon démarcheur au plan international, sont des signes qui ne trompent pas sur un projet d'une vaine reprise en main devant la détermination des populations et de corporations entières». Pour sa part, le président du parti des Avant-Gardes des libertés relève que dans son message, avant-hier, comme dans celui du 3 mars 2019, le Président révèle, explicitement dans le premier et implicitement dans le second, qu'il est sous l'influence de forces occultes et qu'il n'est pas le seul maître de ses décisions». Et à Ali Benflis de voir en cette manière de faire une «persistance dans le défi insupportable à l'égard du peuple algérien qui après avoir refusé l'idée extravagante d'un cinquième mandat puis l'idée non moins extravagante d'un cinquième mandat abrégé, se voit mis devant le fait accompli d'une prorogation illégitime et inconstitutionnelle du mandat présidentiel en cours», estimant qu'en ces moments particulièrement sensibles où le destin de la Nation est engagé, le peuple algérien mérite assurément respect et admiration». De son côté, le PT s'interroge de prime abord si cette réponse du président de la République était en phase avec l'aspiration profonde de la majorité du peuple. Pour le secrétariat permanent du bureau politique du parti que dirige Louisa Hanoune, le retrait de la candidature du Président à un 5e mandat dont il s'est clairement et étrangement démarqué, et le report de l'élection présidentielle, auraient été un réel facteur d'apaisement, dans la mesure où cela aurait constitué une réponse positive à l'aspiration de millions d'Algériens. Seulement, la prolongation du 4e mandat traduit une volonté de travestir la volonté de l'écrasante majorité du peuple de se libérer du système, note-t-il, relevant également dans la démarche du Président portant convocation d'une conférence nationale inclusive, auto-désignée, c'est le même système politique totalement rejeté par la majorité qui continuera donc de sévir au compte de l'oligarchie prédatrice et des mafieux qui ruinent le pays. Et au PT d'appeler à la poursuite de la mobilisation pacifique, à même, selon lui, d'empêcher toute manœuvre visant à contourner la souveraineté du peuple, à imposer la réalisation de tous ses objectifs démocratiques, économiques et sociaux. Le MSP, de son côté, parle d'un «contournement de la volonté populaire», considérant que ce qui a été annoncé par le Président Bouteflika «ne correspond pas» à l'initiative qu'il a proposée auparavant à la présidence et à l'opposition». Côté organisations de la société civile, le RAJ (Rassemblement actions jeunesse) a été le premier à se prononcer. Estimant que l'ajournement du rendez-vous du 18 avril prochain constitue une étape du combat et de la lutte de la société pour recouvrer sa souveraineté, et un acquis de la forte mobilisation des Algériennes et des Algériens depuis le 22 février passé, le RAJ voit dans les décisions du président de la République une velléité d'une «alternance clanique du système qui joue sa survie». Voire une grande manœuvre machiavélique et sournoise visant à étouffer le mouvement de contestation et à redonner un nouveau visage au régime pour assurer son maintien». Appelant à la vigilance et à la poursuite de la mobilisation pacifique jusqu'au départ de ce système et l'amorce d'un processus de changement démocratique, le RAJ invite tous les Algériennes et les Algériens à sortir massivement après-demain vendredi, pour dire non aux transitions claniques et exiger le changement du système». M. K.