Louisa Hanoune ne participera pas à l'élection présidentielle du 18 avril prochain. Après un long suspense, le Parti des travailleurs (PT) a finalement décidé de rejeter un scrutin qu'il ne veut pas crédibiliser. «Partant du bilan des marches populaires, le PT ne saurait en aucun cas prendre une décision qui va à l'encontre de la marche de l'histoire. Pour cela, et vu les millions d'aspirations populaires, le Comité central a décidé à l'unanimité, de la non-participation du parti à l'élection présidentielle du 18 avril», a déclaré, hier Mme Hanoune, à la clôture de la session du CC, restée ouverte depuis plusieurs jours. Et d'affirmer que le PT «ne déposera pas demain (aujourd'hui, Ndlr) de dossier de candidature auprès du Conseil constitutionnel». Pour la patronne du PT, son parti «ne peut en aucun cas crédibiliser un processus biaisé et provocateur depuis le début». Le CC du PT a donc fini par adopter la position de sa secrétaire générale, laquelle avait estimé que son parti ne devait pas prendre part, cette fois-ci, à la présidentielle. Louisa Hanoune ne fait cependant pas une fixation sur la participation ou non du Président Bouteflika à la course. Pour elle, «continuer à préparer la prochaine présidentielle de la même façon qu'actuellement, avec la participation ou non du président Abdelaziz Bouteflika pour un cinquième mandat est rejeté». Ceci, non sans évoquer «les dangers qu'encourt le pays». Hanoune rappelle sur sa lancée comment le système de l'ex-parti unique a, après la révolte des jeunes en 1988, «fabriqué une vitrine de multipartisme». «Aucun replâtrage ! Car le système doit partir, et il n'y a plus de délai pour sa réforme», a-t-elle lâché sans ambages, avant de s'en prendre aux partis de l'Alliance présidentielle : «Si les partisans du maintien du statu quo s'entêtent à déposer le dossier du président Bouteflika coûte que coûte pour un autre mandat, nul ne prévoit les développements futurs et réactions de la majorité». La première dame du PT a, dans sa déclaration, salué la mobilisation des algériens, qui prennent en considération «la sauvegarde de la sécurité nationale et la souveraineté du pays», appelant les tenants du pouvoir à «des décisions urgentes, en réponse aux aspirations profondes de la majorité écrasante qui veut reprendre son droit à l'autodétermination». Pour ce qui est de la solution, Hanoune revient à sa revendication phare, l'ANC en l'occurrence, suggérant de «rendre la parole au peuple algérien, afin de choisir ses représentants pour une Assemblée nationale constituante». Cette voie peut, d'après elle, être le début d'un processus, avec la participation de toutes les composantes du peuple algérien, dans le cadre d'un débat des comités populaires, qui commencera dans les quartiers, les universités, les usines et à travers toutes les communes. C'est à partir de ce débat général que des délégués des comités seront élus au niveau des communes, puis des wilayas, et enfin au sein de l'ANC, qui «représentera toutes les composantes sans exclusion», et il reviendra à cette Assemblée de «définir le caractère du système politique», et de décider de l'organisation de législatives ou de présidentielle, sous l'égide d'une vraie commission indépendante de surveillance. Louisa Hanoune a appelé enfin la base militante du PT, «à se mobiliser et à organiser des assemblées pour vaincre, et à participer à toutes les marches pacifiques, locales et nationales, pas seulement les vendredis mais tous les jours, pour accélérer le départ du système sans intervention étrangère ni dérapage».