Elle a eu lieu cette grandiose marche qu'espérait tout Algérien, hier, dans la capitale des Hammadites pour rejeter la supercherie du système avec ses dernières propositions au peuple de la Nation. La mobilisation populaire pour obtenir le départ du Président Bouteflika au terme de son 4e mandat et contre son système en place était impressionnante au vu de la déferlante humaine, qui l'a marquée ce vendredi 15 mars. Des centaines de milliers de citoyens, en effet, enfants, jeunes, hommes, femmes, jeunes filles et personnes âgées, ont battu le pavé dans les rues du chef-lieu, en réponse à l'entêtement du pouvoir à prolonger le 4e mandat du Président sortant, décidé unilatéralement. Fait inédit, un brigadier de la police nationale, en tenue, a même pris la tête du cortège aux côtés des organisateurs du mouvement, sur un camion, créant une atmosphère de liesse indescriptible. Béjaïa, sans chauvinisme aucun, a réussi une belle journée patriotique dans l'espoir de gommer et le système et ses sbires de la République. La manifestation a débuté bien avant le rendez-vous de 14h prévu initialement après la prière hebdomadaire, par un émouvant hommage aux martyrs de la Révolution et des combattants morts pour la liberté et la démocratie, devant la Maison de la Culture Taos-Amrouche en reprenant en chœur l'hymne national. L'affluence d'un grand nombre de porte-drapeaux algériens et amazighs ainsi que des centaines de pancartes décriant le système rehaussait cette impressionnante manifestation. « De mémoire d'autochtones, on peut, sans exagérer, dire que depuis l'indépendance, Béjaïa n'avait connu de cérémonie patriotique aussi grandiose, vibrante et éclatante comme ce fut le cas aujourd'hui. Ce 15 mars s'inscrira à coup sûr dans l'Histoire d'une nouvelle Algérie », nous dira un vieil homme ayant accompagné ses deux petits-fils à la marche tous deux vêtus de maillots de l'équipe nationale. Beaucoup de personnalités politiques locales, des organisations professionnelles dont le barreau de Béjaïa , des élus aux APC ,à la députation, des membres d'associations sportives et caritatives, militants des droits de l'Homme se sont joints à cette grandiose protestation populaire , dont beaucoup ont souhaité sa réussite ,quelques jours auparavant sur les réseaux sociaux . «Système dégage» « Djoumhouria machi mamlaka ya Bouteflika », « Klitou djazaïr ma khalitou walou »(Vous avez dilapidé l'Algérie ,vous n'avez rien laissé) « Djazaïr horra démocratia » « Pouvoir assassin » « Fi Béjaïa makach el cachir » (A Béjaïa , il n'y a pas de cachir)et « Macron dégage »,tels ont été les slogans les plus répétés par les masses, lors de cette démonstration de rue ,en réponse au dernier discours du tout nouveau Premier ministre Noureddine Bedoui, qui ne cessait de promettre de changer tous les plans au niveau de la gouvernance. « Les Algériens ne sont plus dupes, quoi qu'ils disent, quoi qu'ils promettent, quoi qu'ils jurent, nous n'accepterons rien de leur part, ils ont massacré cette noble Nation intérieurement et extérieurement, notre seule espérance aujourd'hui, est qu'ils partent maintenant et sans aucune condition », clame Rabah S. , un militant des droits de l'Homme au niveau local. Des appels ont été lancés à l'occasion au nouveau vice-Premier ministre et ministre des Affaires étrangères Ramtane Lamamra, natif de Oued Amizour à quitter « le navire » du clan de Bouteflika ,avant qu' « il ne soit trop tard » « Le Tout-Amizour l'appelle à la sagesse et à abandonner le processus illégitime du régime. Beaucoup d'autres manifestations ont eu lieu hier à travers les daïras de la wilaya de Béjaïa, à l'occasion de cet appel à l'union pour contrer le clan présidentiel et ses objectifs, à l'exemple d'Akbou, de Tazmalt et autre où des familles entières ont tenu à participer à l'élan populaire. Pour rappel, la wilaya de Béjaïa a observé pas moins de cinq jours de grève générale tous secteurs confondus, en réponse à l'appel lancé par des organisations sur les réseaux sociaux dans le cadre de la mobilisation contre le prolongement du mandat présidentiel. Soulignons que rien que pour le chef-lieu, il faudrait plusieurs jours, voire des semaines pour les travailleurs de la régie municipale pour venir à bout des immenses montagnes de poubelles qui jonchent la quasi-totalité des quartiers de la ville. Kamel Gaci