Encore une journée de grande manifestation hier à Alger. Les étudiants, souvent accompagnés de leurs enseignants, ont investi les rues de la capitale pour dire non à la prolongation du mandat du Président sortant. Organisation minutieuse et slogans savamment choisis ont donné lieu à une manifestation de rue aussi festive que revendicative. Nawal Imès - Alger (Le Soir) - Les étudiants mais également leurs enseignants étaient hier dans les rues. Le choix de ce 19 mars n'est nullement fortuit. Les étudiants se sont réappropriés une date phare dans l'histoire de l'Algérie : celle de fête de la Victoire. A leur manière, ils ont réinterprété un pan de cette Histoire récente qui leur a souvent été mal enseignée. Dès dix heures du matin, ils étaient mobilisés pour dire non à la prolongation du mandat du Président sortant et un grand oui pour un changement radical du système. A la place Audin, juste en face de la Faculté centrale, plusieurs véhicules de police étaient stationnés avant même l'arrivée des étudiants. L'ambiance est néanmoins restée bon enfant. Aucune intervention policière ni heurts n'ont été enregistrés. Des colonnes de policiers empêchaient néanmoins l'accès au boulevard Mohammed-V. Résultat : le flux d'étudiants arrivant des différentes universités était systématiquement dirigé vers la place Audin puis la Grande-Poste. Des carrés d'étudiants , bien encadrés, arrivaient à intervalle régulier. Equipés de mégaphones, portant banderoles et emblèmes nationaux, ils étaient souvent côte à côte avec leurs enseignants. A l'unisson, ils ont crié « Dégazez» à l'adresse du pouvoir, affirmant sans ambages leur rejet des dernières propositions faites au nom du Président sortant : ni période de transition, ni prolongation, ont scandé les étudiants. Tout au long du parcours menant de la rue Didouche-Mourad à la Grande-Poste, des milliers d'étudiants ont offert un tableau d'une rare beauté. Filles et garçons, côte à côte, ont transcendé clichés et préjugés pour ne parler que d'une seule voix. L'arrivée des étudiants de l'Ecole supérieure des travaux publics n'est pas passée inaperçue. Avec leurs casques jaunes, ils ont été l'objet de curiosité des passants d'autant qu'ils ont observé une halte et entonné « Min Djibalina », offrant un moment d'une rare intensité aux manifestants mais également aux nombreux passants. Autre moment de grande émotion : la rencontre des étudiants avec les nombreux médecins qui avaient également rendez-vous ce jour-là avec la contestation. Alger a vécu hier une journée festive. Les magasins sont restés ouverts en pleine manifestation. Le métro est resté fonctionnel alors qu'habituellement, il est fermé à chaque manifestation. En début d'après-midi, les étudiants se dispersaient dans le calme. N. I.