Encore une fois et cette fois-ci, c'est la fête de la Victoire que le peuple a choisie pour sortir dans la rue et se réapproprier cette date historique mais également, répondre au pouvoir après les dernières sorties du nouveau Premier ministre, Noureddine Bedoui, et la lettre du Président qui feint d'ignorer les revendications du peuple exprimées haut et fort depuis plusieurs semaines et consistant en son départ et la demande pressante d'un changement radical du système. Hier, presque tous les secteurs d'activités étaient paralysés et des milliers de travailleurs et fonctionnaires sont sortis dans la rue avec banderoles et pancartes pour dire tout haut leur appartenance à ce peuple dont ils sont fiers et en affichant leurs revendications. Des revendications exprimées depuis la première marche du 22 février mais également, actualité oblige, répondre à Bedoui en rejetant « globalement et dans le détail » ses propositions en fustigeant au passage ses tentatives d'infiltrer le mouvement en essayant via des responsables locaux au niveau des wilayas de désigner des représentants alors que, pour le moment, et cela tous ceux que nous avons accostés hier l'ont réitéré, personne n'est habilité à parler au nom du mouvement. Outre cette condamnation unanime de la volonté du pouvoir de phagocyter le mouvement, les milliers de marcheurs qui se comptaient parmi les travailleurs et fonctionnaires des APC se sont donné rendez-vous au chef-lieu de wilaya, particulièrement ceux issus des APC limitrophes comme Taghzout, Haïzer, El Esnam, Bechloul, Bouira, Ath Laâziz, alors que ceux issus des communes lointaines ont marché au niveau des chefs-lieux de leurs daïras comme à M'chédallah et Lakhdaria ; ceux des autres secteurs et directions de wilaya, comme la DTP, l'ONA, la DUAC, l'Agence foncière, la DAS, l'ADE, la Sonelgaz, la santé avec les médecins et les paramédicaux, les étudiants et leurs enseignants qui ont répondu à l'appel du Cnes. Tout ce beau monde a défilé durant la première moitié de la journée d'hier à travers les différents rues et boulevards de la ville de Bouira en scandant des mots d'ordre hostiles au pouvoir et en condamnant « l'entêtement de Bouteflika à vouloir prolonger son mandat alors que des millions d'Algériens disent non», dira Karim, étudiant en sciences technologiques à l'université Akli-Mohand-Oulhadj de Bouira. Cela étant, hier, la rue a grondé mais toujours d'une manière pacifique et calme pour rappeler aux décideurs qu'ils doivent répondre à leurs cris et leurs doléances que le peuple dans sa majorité ne veut pas de prolongement de mandat de Bouteflika ; que le système incarné par ce même Bouteflika, ainsi que tous ceux avec qui il a construit son système, doivent partir tous et enfin que le sigle FLN doit revenir au peuple. «Les décideurs ont une responsabilité historique pour répondre favorablement à ces revendications justes et légitimes et arrêter de tergiverser et de se moquer du peuple en lisant des lettres-directives au nom d'un Président inexistant et surtout aujourd'hui définitivement rejeté par le peuple dans son écrasante majorité» nous dira également Farid, cadre à l'APC de Bouira qui ajoute : «Il faut savoir que le temps urge et chaque jour qui passe complique davantage la situation, déjà très tendue.» A bon entendeur salut ! Y. Y.