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Réactions des partis politiques
Démission de Bouteflika
Publié dans Le Soir d'Algérie le 04 - 04 - 2019

Après vingt ans à la tête du pays, Abdelaziz Bouteflika a été contraint de déposer sa démission mardi soir. Les partis politiques ont largement réagi suite à cette annonce.
RND : « nous avons reçu avec satisfaction la décision de démission de Bouteflika»
Dans un communiqué rendu public, le RND dit avoir reçu la décision de démission de Bouteflika avec satisfaction. Le parti a également salué la position de l'institution militaire qui a contribué à dégager une solution constitutionnelle. « Nous soutenons aussi le recours aux articles 102, 7 et 8 de la Constitution pour résoudre la crise politique du pays et répondre aux aspirations du peuple et préserver la stabilité du pays et de l'Etat .»
Ali Benflis : « il y a encore des bombes à retardement »
Dans un communiqué rendu public, Ali Benflis, le président de Talaie El Houriet, a déclaré que «la démission du président de la République représente l'épilogue affligeant de deux décennies d'un immense gâchis. A un moment où le peuple algérien vient de clore l'un des chapitres les plus sombres de l'Histoire de notre pays, mes toutes premières pensées vont à nos concitoyennes et à nos concitoyens qui ont été les artisans d'une révolution populaire pacifique qui nous a restitué notre fierté nationale et fait l'admiration du monde. Je félicite de tout mon être le peuple algérien pour sa grande victoire démocratique. Dans sa marche vers cette victoire, et à l'égal de ses glorieux aïeux, le peuple algérien a fait l'ample démonstration de son esprit de résistance, de son amour pour la patrie et de son attachement inébranlable au recouvrement de la libre maîtrise de son présent et de son devenir. Pour étreindre la victoire, il a livré bien de batailles avec un sens élevé de la responsabilité et du devoir et, toujours, avec une maturité politique et un sens civique d'une qualité très rare. Toutes les générations à venir reconnaîtront à cette génération une place à part pour être venue à bout de l'un des régimes politiques les plus désavoués et les plus décriés de l'Algérie indépendante et d'avoir mis le pays sur la juste voie de l'édification d'un Etat de droit sur la base de la souveraineté du peuple, de l'égalité citoyenne et du respect plein et entier des libertés et des droits. En cette même occasion, mes pensées vont aussi à l'Armée nationale populaire qui, au moment de la difficile épreuve que vit notre pays, s'est positionnée dans le camp du peuple. Ce choix naturel était attendu d'elle et, ce faisant, elle a apporté un autre témoignage puissant de sa nature authentiquement populaire, nationale et républicaine. Alors que l'Etat national était menacé d'effondrement et que pesaient sur lui tous les périls d'une impasse politique, constitutionnelle et institutionnelle, l'Armée nationale populaire a su assumer son devoir patriotique éminent et apporter une contribution déterminante qui lui vaut la reconnaissance de toute la Nation. Si le peuple lui-même a été l'artisan de sa révolution démocratique, l'Armée nationale populaire a aidé à l'aboutissement apaisé, serein et pacifique de sa toute première phase. Les premiers pas de la sortie de l'impasse politique, institutionnelle et constitutionnelle viennent d'être faits mais le chemin de la refondation et de la reconstruction reste encore long. Sur ce chemin, il y a encore des bombes à retardement que l'ancien régime et ses alliés extra-constitutionnels se sont ingéniés à multiplier et qu'il s'agit maintenant de désamorcer les unes après les autres. Il y a la présidence de l'Etat qui devra revenir à une ou des personnalités irrécusables. Il y a un gouvernement discrédité et désavoué avant même sa formation qu'il importe de recomposer. Il y a un Conseil constitutionnel dont la présidence a pris fait et cause pour l'ancien régime et dont il faudra traiter le cas de manière compatible avec toutes les exigences d'une bonne tenue de la prochaine échéance présidentielle. Il y a, enfin, la préparation, l'organisation et le contrôle de cette échéance qu'il faudra soumettre à des mécanismes acceptables pour tous. La préparation de cette échéance représente la première épreuve de vérité pour la refondation et la reconstruction du nouveau système politique national. C'est d'elle que dépend un bon ou un mauvais départ. C'est d'elle aussi que sera tributaire la solidité des bases de ce nouveau système politique national. Et c'est à elle, enfin, que le sort de la révolution démocratique pacifique est intimement lié .»
RCD : «c'est la mobilisation populaire et pacifique qui a fait capoter les feuilles de route successives agréées pourtant par le système »
Le parti de Mohcine Bellabas a déclaré dans un communiqué que « l'abdication annoncée du chef de l'Etat, Abdelaziz Bouteflika, est la première grande victoire de la mobilisation populaire. Prévenant contre toute tentation totalitaire future, elle acte que le combat pacifique et déterminé est la seule voie pour recouvrer la dignité et la souveraineté pleine et entière sur notre destin .»
Le RCD dit que «les étalages publics des luttes à mort des clans qui ont squatté la souveraineté du peuple par la fraude, la répression et l'accaparement éhonté des richesses du pays n'ont d'objectifs que la sauvegarde de leurs intérêts via un simulacre de transition en vue de reproduire le système en place ».
Selon le parti, « aucun Algérien ne peut croire que l'impotence du chef de l'Etat, avérée depuis longtemps par ailleurs, peut être la cause de sa décision de mettre fin à son mandat, à 25 jours de son expiration. Les soutiens au cinquième mandat de tout le personnel politique du pouvoir, de ses relais et du chef de l'état-major, en violation de ses devoirs de réserve, même après le 22 février 2019, ont indigné la population. C'est la mobilisation populaire et pacifique qui a fait capoter les feuilles de route successives agréées pourtant par le système dans tous ses démembrements». Le RCD estime que les citoyens mobilisés dans la rue, chaque vendredi et dans leurs différentes corporations tous les jours de la semaine, sont « les seuls à garantir une véritable transition de rupture avec le système politique, ses symboles, ses pratiques et ses figures. C'est la revendication citoyenne à travers l'ensemble du pays. C'est pourquoi les militants du Rassemblement continueront à se mobiliser aux côtés de notre peuple contre toute transition pilotée par des démembrements du système. L'Algérie nouvelle se construira par la mise en place d'organes de transition issus de la société civile mobilisée à travers les différentes corporations qui portent les revendications essentielles d'un Etat de droit, une justice indépendante et une armée républicaine qui se consacre à ses seules missions constitutionnelles sous une autorité civile ».
Soufiane Djilali : « il faut maintenir la pression jusqu'au départ du système»
Dans une vidéo publiée sur sa page Facebook, pour commenter la démission de Bouteflika, Soufiane Djilali, président de Djil Djadid, a déclaré que la démission de Bouteflika est une première victoire mais la bataille n'est pas finie.
« Aujourd'hui avec le départ du Président, c'est la fin d'une ère, que nous avons souhaitée depuis longtemps, nous devons être heureux, mais nous devons aussi réfléchir à l'étape suivante et aux jours à venir, car il ne faut pas oublier que ce que le peuple demande c'est le départ du Président et du système, aujourd'hui, c'est la fin de mission pour Bouteflika, mais avec l'application de l'article 102, nous allons nous retrouver avec monsieur Bensalah à la tête du pays et le maintien du même système et des mêmes lois, c'est pourquoi, nous devons maintenir la pression et rejeter absolument l'application de l'article 102», a déclaré Soufiane Djilali.
Abderrezak Makri : « l'essentiel a été fait, mais l'article 102 seul ne suffit pas »
Pour Abderrezak Makri, l'essentiel a été fait avec le départ de Bouteflika. Le président du MSP estime qu'il faut réfléchir à présent à une feuille de route pour concrétiser la volonté du peuple et construire une nouvelle Algérie à travers des élections libres et transparentes.
Dans une réaction publiée sur sa page Facebook, Makri a estimé que les « images diffusées par la télévision nationale montrant Bouteflika qui remettait sa démission au président du Conseil constitutionnel en présence du président du Conseil de la Nation montrent qu'il était responsable des dispositions qu'on lui prêtait et que c'était lui qui gérait et que le cachet de la présidence était en sa possession et qu'il était responsable de tous les événements qui ont eu lieu avant sa démission. Le Président Bouteflika, son frère, sa bande et tous ses soutiens sont responsables de la situation catastrophique de l'Algérie et il faut être vigilant maintenant pour ne pas produire une autre ‘' bande ‘' « Le pas essentiel à franchir est de protéger l'Algérie d'une nouvelle bande que le système peut produire », dit-il.
Le PT : « la démission du Président ne saurait à elle seule constituer l'issue positive conforme à la volonté de la majorité »
Le parti de Louisa Hanoune a déclaré dans un communiqué que « la démission du président de la République satisfait en partie les aspirations de la majorité, elle ne saurait à elle seule constituer l'issue positive conforme à la volonté de la majorité qui veut exercer sa pleine souveraineté sans tuteurs, ni représentants de fait, quels que soient leurs qualités ou postes de responsabilité ». Le PT estime que tout responsable qui a participé activement à la répression des libertés démocratiques doit partir. «C'est la condition pour une véritable refondation politique, institutionnelle nationale consacrant la souveraineté du peuple.» Pour le PT, attribuer, « comme le font certains médias, partis politiques et autres activistes, dans un matraquage insupportable, la démission du président de la République à l'incursion brutale de l'état-major de l'ANP dans la décision politique, ce que d'ailleurs renvoyaient les images diffusées par les chaînes de TV, participe d'un mépris total et violent à l'égard de la mobilisation de dizaines de millions d'Algériennes et d'Algériens qui ne sauraient permettre que leur soit dénié, une fois de plus, le droit de décider de leur sort.
Dans le même ordre d'idées, vouloir enfermer la révolution en cours dans le carcan d'une constitution dépassée équivaut à imposer le maintien du système en place et du régime présidentialiste qui concentre tous les pouvoirs entre les mains d'un seul homme et donc des institutions à commencer par les deux Chambres du Parlement et le gouvernement rejetées par l'écrasante majorité du peuple .»
Elle équivaut, poursuit le parti, à « confisquer la volonté et la souveraineté de la majorité seule source de légitimité, en imposant un calendrier débouchant exclusivement et d'autorité sur une élection présidentielle qui pérennise la nature du régime en changeant juste de Président ».
C'est pourquoi le PT « rejette toute tentative, d'où qu'elle vienne, visant à entraver, stopper le mouvement révolutionnaire et rappelle que c'est le système en place qui met en péril le peuple algérien et la nation algérienne et que la confiscation de la volonté du peuple, fût-elle l'émanation de l'ANP, est porteuse de dangers intérieurs et extérieurs pour le pays, car contraire à la démocratie et pouvant servir d'alibi pour les ingérences extérieures.
Quant à la lutte contre l'oligarchie prédatrice et les réseaux mafieux, elle ne saurait être dissociée de la nécessité vitale que soit démantelé le système qui les a produits et généralisés. Une telle lutte ne saurait être utilisée comme moyen de règlement de comptes entre différents pôles du même système. Car la lutte contre la corruption doit être, pour être impartiale, menée par une justice réellement indépendante réclamée y compris par des magistrats n'obéissant à aucun centre de décision civil ou militaire. Et seules des institutions crédibles et transparentes, produit de l'exercice par le peuple de sa pleine souveraineté à travers une Assemblée constituante nationale et souveraine (ACNS) définissant la nature du régime à mettre en place, dans un débat national sans exclusive, sont capables de se saisir d'un tel dossier, de juger tous les responsables du pillage des fonds publics, d'ordonner la confiscation des fortunes mal acquises quels qu'en soient les détenteurs permettant à notre pays de faire face à la crise économique et sociale, de jeter les bases de la reconstruction nationale économique et sociale, à même de satisfaire les besoins de la majorité du peuple ».
Pour le PT, «seule la poursuite de la mobilisation révolutionnaire est à même d'imposer le départ du système et du régime en place, comme condition pour l'avènement de la démocratie véritable ».
Salima Akkouche


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