Pour ce dixième vendredi à Bouira et bien que la population de la wilaya soit toujours au rendez-vous avec la même détermination et le même engagement pour le départ du système et ses relais, en faisant appel à chaque fois à de nouveaux slogans novateurs et pleins de génie, les organisateurs, eux, ont encore une fois péché par la mauvaise organisation. En effet, alors que durant la journée de jeudi, des dizaines de jeunes de la commune de Bouira, qui avaient appelé à un rassemblement au lieu de la marche, se sont affairés à nettoyer le terrain de l'ex-Cité évolutive, en faisant appel même aux bulls et autres camions appartenant aux privés, hier vendredi, ils étaient des dizaines de milliers de citoyens à avoir refusé cette idée de rassemblement dans une seule place, en optant pour les traditionnelles marches le long des différentes artères de la ville. Une divergence d'idées qui a failli créer des dissensions au sein du mouvement qui était resté jusque-là soudé et uni autour des revendications propres au Hirak avec comme mots d'ordre : « Système dégage » et « Yetnahaw ga3 », auxquels s'ajoutent, depuis le premier jour, des mots d'ordre hostiles au pouvoir et puisés du terroir et de la mémoire collective d'une population rebelle depuis toujours comme « Pouvoir assassin », « Ulac smah ulac » et « Y'en a marre de ce pouvoir ». Hier vendredi, les centaines de milliers de citoyens qui ont toujours répondu présents et qui viennent des quatre coins de la wilaya étaient là mais la désorganisation a gêné plusieurs familles qui ne savaient plus si elles devaient marcher ou rester sur place. Pendant plus de trois heures, alors que des centaines de milliers de personnes, parmi lesquelles on pouvait distinguer des militants de la première heure du MCB et de la démocratie, des délégués du mouvement citoyen 2001, mais également l'une des figures du Hirak et de la scène politique algérienne actuelle, en l'occurrence Karim Tabou, qui avait animé, durant la journée de jeudi, un meeting populaire à Taghzout, étaient rassemblés dans la place de la Cité évolutive et le pont Sayah, à répéter en chœur des slogans entonnés à l'aide de mégaphones par certains meneurs du mouvement et propres au Hirak, d'autres continuaient à sillonner les rues en scandant longtemps « Ulac smah ulac » « Y'en a marre de ce pouvoir », « Djazaïr horra dimocratia » et autres « Assa azekka tamazight tella tella », et le tout, dans un calme total avec la même philosophie adoptée par tout le monde « Silmia silmia ». Y. Y.