Encore une fois, et ce vendredi n'était pas du tout comme les autres, tant la semaine était riche en rebondissements et notamment la fameuse sortie du chef de corps d'armée, le général-major Gaïd Salah à propos de son appel à l'application de l'article 102 sur le Président Bouteflika. Hier, le peuple qui était sorti pour le 6e vendredi, était attendu pour voir la réponse qu'il allait donner à cette sortie. Et les véritables décideurs l'ont eu cette réponse ; la sentence du peuple était sans appel : «Vous voulez appliquer l'article 102, le peuple réclame l'application de l'article 2019 : Dégagez tous ! » Voilà en subsistance le gros des slogans scandés hier durant la marche grandiose qui aura marqué, encore une fois, les esprits tant de l'avis de tous les présents mais également des observateurs, celle d'hier, et il faut le dire, beau temps ensoleillé aidant, a dépassé les précédentes. Toute la population de Bouira était dans la rue et contrairement aux week-ends précédents, où des citoyens marchaient dans leurschefs-lieux de daïra respectifs, du moins au niveau des anciens pôles urbains , hier, tout le monde s'était donné le mot pour converger vers le chef-lieu de wilaya et marcher par centaines de milliers, sur un air de fête mais avec beaucoup de pancartes et de banderoles qui sonnent comme une réponse unanime à ce qui était proposé au peuple algérien durant la semaine, à savoir la probable application de l'article 102, qui, une fois appliqué, mènerait droit vers l'installation du 2ème homme de l'Etat, à savoir le président du Sénat, Abdelkader Bensalah, à la place de Bouteflika. Et là, tant à travers les slogans que sur les banderoles et les pancartes, les marcheurs étaient unanimes : «Pas d'article 102 ; ni de Bensalah.» Et comme les fois précédentes, le tout dilué dans les slogans du mouvement comme «Pouvoir assassin», «Y'en a marre de ce pouvoir» ; «Djazaïr horra dimocratia» ; «Klitou leblad yassarraqin» (Vous avez pillé le pays, bandes de voleurs), mais également certaines banderoles qui donnent plus de lisibilité au mouvement. Comme cette grande banderole sur laquelle il est écrit : «Le peuple veut la fin du régime, pas la fin de l'Etat», ou encore «Nous avons dit : Djaïch, Chaâb : khaoua, khaoua ; pas Salah, Chaâb : khaoua, khaoua», allusion faite à la dernière sortie du chef de corps d'armée qui n'a pas agréé le peuple dans sa globalité. Cela étant, rappelons qu'hier encore et comme les fois précédentes, des slogans rappelant le martyre enduré par la région de Kabylie revient chaque fois, avec «Kabylie chouhada» ; «Ulac smah ulac», ou encore «Imazighen», avec des centaines de drapeaux amazighs qui étaient déployés par des jeunes, au côté du drapeau national, que des milliers de personnes, de familles, femmes, vieilles, garçons et filles, et hommes de tous âges, hissaient à l'aide de manches à balai , ou simplement sur les épaules ou en l'étalant entre six ou huit personnes, en chantant des chansons patriotiques et autres «Djazaïr horra dimocratia». En somme, hier, et en attendant que les véritables décideurs prennent en considération toutes ces propositions émanant de divers partis politiques mais également des personnalités nationales, politiques ou autres, ainsi que des principaux représentants de l'actuel mouvement , un des militants de la première heure du MCB, en l'occurrence Bahmed Brahim, qui est également enseignant de tamazight, dira que «le véritable projet de société se dessine sous nos yeux , avec ces slogans entonnés, mais également, ces centaines de milliers de citoyens qui sortent chaque week-end dans un esprit de fraternité et de civisme exemplaires, et qui ne demandent qu'à vivre dans une Algérie plurielle, démocratique et ouverte au monde ; des millions d'Algériens fiers de leurs deux langues ; le tamazight et l'arabe, mais également leur ouverture au monde avec ces milliers de slogans entonnés également en français. Le futur de l'Algérie est là, il suffit de le traduire dans la future Constitution : une Algérie plurielle et riche de par sa diversité ethnique et linguistique, propre à chaque région du pays. Un fier et vaste pays-continent appelé : Algérie». Y. Y.