Les enjeux de ce onzième vendredi de mobilisation n'ont pas échappé aux milliers de manifestants. A ceux qui tablent sur l'essoufflement du mouvement, ils ont répondu hier par des slogans dans lesquels ils réaffirment leur détermination à rester mobilisés. Ils ont réclamé hier la tête du chef de l'état-major de l'armée, rejetant en bloc les propositions de sortie de crise et dénonçant les tentatives de détourner le mouvement de ses objectifs principaux. Nawal Imès - Alger (Le Soir) - Ceux qui parient sur l'essoufflement du mouvement populaire en raison de l'arrivée du Ramadhan peuvent légitimement avoir quelques inquiétudes. A l'unanimité, les Algérois, sortis hier, ont répondu aux plus sceptiques qu'ils ne comptaient nullement arrêter de marcher. La place Audin a vibré au son de « Maranach habsin ! ». Comme pour démentir les thèses selon lesquelles le Ramadhan imposera une pause au processus révolutionnaire, les manifestants ont été nombreux à brandir des pancartes sur lesquelles ils ont écrit « Pas de marche arrière ! ». Signe de sa détermination, un jeune homme manifestait hier en tenue de plage, portant un parasol et une pancarte sur laquelle il a écrit « Cette année, pas de plage, je passerai mes vacances ici ». Idem pour un autre manifestant qui n'a pas hésité à marcher en portant un climatiseur sur ses épaules, comme pour dire qu'il était immunisé contre les grandes chaleurs et qu'il ne comptait nullement être découragé par les aléas climatiques. Le Ramadhan ? Une dame résume le sentiment général en brandissant une pancarte sur laquelle elle a écrit « Je jeûnerai ici, passerai l'Aid ici, pareil pour les vacances ». Au niveau de la tribune érigée à la place Audin, tous les intervenants sont d'accord sur un point : ne surtout pas arrêter de manifester pendant le Ramadhan. Les formes que devra prendre le mouvement ne font pas l'unanimité : garder le même rythme, manifester de nuit ou faire des repas collectifs en pleine rue ont été à plusieurs reprises évoqués. Une fois de plus, les slogans continuent de coller à l'actualité. Le traitement des affaires de corruption a été également au cœur de la manifestation de ce vendredi. A la place Audin, une grande pancarte résume le sentiment général. On peut y lire « Mais où est donc Ouyahia, or Saïd n'en parlons pas. Ni Bensalah, ni Bedoui, car ils sont protégés par El Gaïd ». Les manifestants ont unanimement condamné la manière avec laquelle sont traités les dossiers liés à la corruption, affirmant qu'ils n'étaient pas dupes et réclamant que soient jugées l'ensemble des personnes impliquées et non pas certaines figures uniquement. Pour beaucoup de manifestants, le recours à la justice n'est pas l'urgence du moment, accusant Gaïd Salah de vouloir « changer de sujet ». A la manœuvre depuis le départ de l'ex-président de la République, Gaïd Salah a été hier la cible de slogans hostiles. Les manifestants lui demandent clairement de tenir sa parole et d'appliquer à la lettre les articles 7 et 8 de la Constitution. Certains n'hésitent pas à dire que le premier responsable de l'institution militaire les a trahis en appliquant que l'article 102 et en tentant de renier ses engagements. Certains manifestants l'appellent d'ailleurs à tout bonnement emprunter le même chemin que les autres figures d'un système honni. N. I.