Comme il fallait s'y attendre, la désorganisation constatée la semaine dernière et celle d'avant ont eu raison des mobilisations grandioses qui ont toujours caractérisé les marches du Hirak à Bouira. Hier vendredi, la mobilisation par centaines de milliers de personnes autour d'un seul mot d'ordre n'était pas vraiment au rendez-vous mais, en face, les dizaines de milliers de marcheurs qui ont répondu présents, ont été plus déterminés que jamais à poursuivre le combat jusqu'au départ du système. Ainsi, hier et pour ce 11e rendez-vous des marches du Hirak, les marcheurs étaient plus décidés à en finir avec les tergiversations du pouvoir actuel ; et même les slogans étaient différents mais plus précis concernant ce qui se passe au plus haut sommet de l'Etat, et les pancartes et autres banderoles brandies par les manifestants sont plus éloquentes. On pouvait lire entre autres «on ne peut pas dialoguer avec ceux dont nous réclamons le départ», alors que côté slogans, on entend les marcheurs scander, outre les traditionnels «Yetnahaw gaâ», de nouveaux slogans comme «Djibouna Saïd» (Ramenez Saïd Bouteflika) en justice ; ou encore «Gaïd Salah khan echaâb» (Gaïd Salah a trahi le peuple), et autres «Bensalah rayah, rayah, Irouh maâh Gaïd Salah» (Bensalah doit partir, Gaïd Salah également) ; le tout sur l'air du Printemps noir 2001 et de tous les événements marquants de la wilaya de Bouira depuis le Printemps berbère 1980, avec «Pouvoir assassin» et « Ulac smah ulac». Les dizaines de milliers de marcheurs parmi lesquels on pouvait remarquer, outre les militants de première heure du mouvement citoyen, du RCD et du FFS, le président du MDS , Fethi Ghares en compagnie de plusieurs militants du parti à l'échelle locale, qui a animé la veille un meeting à El Adjiba, ont sillonné comme d'habitude les principales artères de la ville de Bouira, laissant ceux qui voulaient manipuler le Hirak, pour le récupérer au profit de certaines personnes connues sur la place publique pour leur allégeance au système et au pouvoir actuel, au niveau de la place de la Cité évolutive où ils ont organisé un rassemblement avec des chansons qui n'ont rien à voir avec l'esprit revendicatif qui a toujours été la marque de fabrique de la population de la wilaya de Bouira. A 16 heures, la ville avait déjà retrouvé son calme. Le Hirak à Bouira vient de connaître son premier vrai test ; celui de la résistance et de la persévérance. Y. Y.