Pour ce onzième vendredi de mobilisation depuis le 22 février dernier, la population de Béjaïa a témoigné, de nouveau, hier, de sa ténacité en réinvestissant massivement la rue avec le même mot d'ordre : le départ du système et l'ensemble de ses symboles. Le mouvement de révolte contre le système s'est poursuivi, en effet, à l'occasion de cet acte XI à travers une autre grandiose marche populaire observée avec les mêmes slogans que les semaines précédentes, à savoir un changement radical du régime, la dénonciation des tentatives de diversion et de détournement du mouvement ainsi que la mise en place d'une véritable transition démocratique. Plusieurs milliers de manifestants se sont retrouvés, dès le milieu de la journée, au niveau de l'esplanade de la Maison de la Culture pour participer à la marche et réitérer l'exigence du départ de toutes les figures incarnant le régime politique en place. A 13h ,au moment de l'entame de la manifestation, c'est une nouvelle marée humaine qui a déferlé sur les principales artères en reprenant en boucle les slogans habituels : «Chaâb yourid yatnahaw gaâ !», «Système dégage !», «FLN, RND dégage !», «Ya Salah, ya Bensalah système, rayah rayah !», «Bedoui dégage !» , «Pouvoir assassin !», «Ulac l'vote ulac !», «Ulac smah ulac !», «Nahiw el issaba nwaliw labass (enlevez la mafia et on se portera bien) !» étaient entre autres les slogans scandés à tue-tête par l'immense foule de manifestants. Dans la même ambiance de fête, femmes, hommes, vieux, jeunes, en famille ont entonné, durant plus de deux heures, en sillonnant les principales rues de la ville, des chants fustigeant le régime. Brandissant les drapeaux national et amazigh, les manifestants ont également scandé des slogans exigeant une justice transparente et indépendante qui n'obéit pas aux ordres. «Chaâb yourid yatcharou gaâ ! (le peuple veut qu'ils soient tous jugés», «Awith (arrêtez) Saïd , awith Nacer Bouteflika!», «Aâdala, moustaqila !» ont été des mots d'ordre criés par l'impressionnante foule. Des manifestants ont aussi brandi des banderoles et autres pancartes sur lesquelles l'on pouvait lire «Non au changement dans le système !», «Primauté du civil sur le militaire», «Non à la séquestration des institutions du peuple !», «Pour une réelle transition démocratique, pour une deuxième République !», « Des innocents en prison , des importateurs de cocaïne en liberté !», «Arrêtez et jugez la mafia », « Un peuple de jeunes gouverné par des vieux», «Système dégage !», «Pour l'élection d'une assemblée constituante », etc. «Les revendications du peuple réitérées encore à l'occasion de ce onzième vendredi depuis le mouvement populaire du 22 février passé sont claires . Il s'agit du départ de tout le système et de ses béquilles en commençant par Bensalah, Bedoui mais aussi Gaïd Salah qui incarne également l'ancien régime de Bouteflika. Il faut en outre mettre en place une véritable transition démocratique pour permettre à ce peuple d'exercer sa totale souveraineté. Il s'agit uniquement de restituer par les actes ces revendications rappelées à chaque manifestation dans la rue», clame un syndicaliste autonome rencontré en marge de la marche. A. Kersani