Alors que la circulaire 340 du ministère du Commerce était destinée à renforcer les brigades de contrôle durant le mois de Ramadhan, c'est le contraire qui s'est produit en ce premier jour du mois sacré à Bouira. Des dizaines de contrôleurs appuyés par leurs camarades des autres services, ont organisé une action de protestation devant le siège de la Direction du commerce pour demander l'annulation de cette circulaire. Sur place, les contrôleurs, surtout les femmes, étaient unanimes à dire que ladite circulaire est impossible à appliquer en ce moment avec ce qui se passe dans le pays. «Comment voulez-vous qu'on fasse notre travail alors que même en temps normal, nous sommes quotidiennement agressés par des commerçants malintentionnés ?», nous dira le représentant des travailleurs présent sur place. Outre cette situation d'insécurité pour leur intégrité physique avancée comme l'une des causes qui les a poussés à refuser des sorties sur terrain pendant ce mois sacré de Ramadhan, d'autres problèmes sont évoqués et sont même rapportés dans la requête nationale rendue publique à l'issue d'une rencontre du syndicat national des fonctionnaires du ministère du Commerce, qui a eu lieu le 30 avril dernier. Dans cette requête, les fonctionnaires demandent l'application des décrets exécutifs portant régime d'indemnisation , l'annulation de la circulaire 340 du 9 avril 2019, l'annulation de la circulaire 94/2019 du 1/03/2019, l'intégration des travailleurs des corps communs dans les corps techniques, l'intégration des OP et des gardiens et autres agents de sécurité et des chauffeurs avec augmentation de leurs salaires, l'intégration des femmes de ménage dans la prime de la caisse complémentaire et enfin, le règlement de tous les problèmes en suspens soulevés par les sections syndicales à l'échelle locale. D'ailleurs, lors de cette action de protestation où les grévistes rappellent toujours leur soutien au Hirak à travers une large banderole, force est de constater que les revendications socioprofessionnelles priment sur tout autre considération. En effet, hier, nombreux étaient les contrôleurs qui se sont plaints du salaire perçu et qui ne dépasserait pas les 30 000 dinars pour certains qui ont dépassé les 8 années d'ancienneté. «A voir les P-V dressés au quotidien par nos soins concernant les infractions constatées et qui sont sanctionnées dans le cadre de la protection du consommateur, ce sont des milliards par mois que nous faisons gagner à l'Etat, alors qu'en contrepartie, nous percevons des miettes comme primes à la fin du mois, et même comme salaire », dira une femme qui fait partie d'une brigade de contrôle et qui rappelle combien est pénible ce métier surtout « quand on vous invite à faire des contrôles dans les marchés de gros, à… 4 heures du matin », ajoute-t-elle sur un ton ironique. Rappelons que le syndicat des fonctionnaires du commerce affilié à l'UGTA a tracé une série d'actions de protestations alternant entre les grèves et les sit-in à l'échelle nationale, et ce, jusqu'à ce que le ministère daigne prendre en charge complètement la plateforme de revendications qui lui a été adressée, selon les syndicalistes, depuis plus de 6 mois. Y. Y.