La phase d'instruction du dossier de Saïd Bouteflika et des deux généraux Toufik et Tartag a été entamée au tribunal militaire de Blida où ils sont écroués depuis dimanche. Abla Chérif - Alger (Le Soir) - Au lendemain de leur incarcération, les trois prévenus ont reçu la visite de leurs avocats. Selon nos sources, une dizaine de robes noires ayant pour habitude de traiter des dossiers sensibles ont été constitués par les familles dès les premières heures ayant suivi les arrestations de leurs proches. Des informations indiquent que certains membres de ces familles ont pu rendre visite aux détenus durant la journée de lundi et ont pu constater que ces derniers étaient incarcérés dans des conditions correctes. Les magistrats instructeurs semblent, quant à eux, décidés à ne pas perdre de temps pour enquêter autour des faits reprochés aux trois hauts responsables sous le coup de chefs d'inculpation extrêmement graves, doit-on le rappeler. Dans un communiqué publié dimanche, le parquet du tribunal militaire de Blida avait indiqué que les trois anciens hauts responsables sont poursuivis pour atteinte à l'autorité de l'armée et «complot contre l'autorité de l'Etat». Ils se trouvent ainsi sous le coup de l'article 284 du code militaire qui prévoit des peines d'emprisonnement à vie et même la peine capitale dans le cas où les faits pour lesquels ils sont poursuivis se déroulent en état de guerre. Ce qui n'est pas le cas dans la situation présente. Le général de corps d'armée Mohamed Mediene a cependant été, à plusieurs reprises, «averti» par le chef d'état-major qui a usé, maintes fois, de termes menaçants dans ses discours. Le général Toufik était présenté comme étant entré en phase de conspiration contre l'Etat. Il était notamment accusé d'organiser des réunions douteuses auxquelles aurait pris part un agent du renseignement français, ce qu'a démenti le concerné dans une déclaration adressée à la presse. Saïd Bouteflika est, quant à lui, considéré comme étant la tête pensante de la «bande» (el issaba) telle que la désignait Gaïd Salah. Le frère conseiller de Abdelaziz Bouteflika est accusé de s'être accaparé des pouvoirs présidentiels que son frère était dans l'incapacité d'assumer depuis sa maladie. Une raison pour laquelle il est fréquemment désigné comme étant le «chef des forces extraconstitutionnelles». Le général Athmane Tartag, responsable des services de sécurité à la présidence de la République, ferait partie du groupe de conspirateurs. Les informations sur son arrestation et celle du général Toufik ont circulé en même temps. Selon les informations dont nous disposons, deux véhicules avec à leur bord des éléments des services de sécurité se sont présentés, durant la matinée de samedi, au domicile de Mohamed Mediene lui demandant de les suivre, ce que le concerné avait refusé exigeant un document lui signifiant son interpellation. Les agents chargés de l'interpeller ont dû rebrousser chemin avant de revenir lui présenter le document légal. Il aurait été interrogé par une équipe d'enquêteurs des services de sécurité puis conduit le lendemain au tribunal militaire de Blida. Les Algériens ont même eu droit à des images montrant son arrivée et celle de Saïd Bouteflika et Athmane Tartag. Depuis, la justice n'a pas perdu de temps. Abdelhamid Melzi incarcéré à El-Harrach L'ancien directeur général de Club-des-Pins a été placé sous mandat de dépôt dans la nuit de lundi à mardi, a-t-on appris de source sûre. Abdelhamid Melzi a été incarcéré à la prison d'El-Harrach après plusieurs heures d'audition au terme desquelles il a été inculpé pour des infractions très graves puisqu'il est soupçonné d'avoir livré des informations sensibles à des puissances étrangères. Il avait été arrêté la semaine dernière alors qu'il sortait de l'hôtel Sheraton puis maintenu au niveau des locaux de la brigade chargée de l'enquête. A. C.