Les généraux Mohamed Mediene, Tartag et Saïd Bouteflika seront probablement présentés au cours de cette matinée devant le procureur du tribunal militaire de Blida, affirment des milieux bien informés de l'évolution de la situation depuis l'arrestation des concernés. Abla Chérif - Alger (Le Soir) - Ces arrestations ont donc eu lieu durant la journée d'hier, confirmant ainsi les informations persistantes qui circulaient depuis la matinée. Celles-ci concernaient plus particulièrement le général Mediene, connu sous le nom de Toufik, que l'on disait avoir été interpellé par les services de sécurité avant de se voir signifier son arrestation. Avant cela, Toufik aurait été destinataire d'une convocation émanant des services de sécurité. Quelques heures plus tard, l'ancien responsable de la Direction des services de sécurité auprès de la présidence, le général Tartag, a été à son tour arrêté après avoir été écouté par les éléments de la Direction de la sécurité intérieure. L'opération lancée va plus loin. En fin d'après-midi, et avant même que de plus amples informations ne soient disponibles au sujet des deux généraux, on apprenait cette fois l'arrestation du frère conseiller de l'ex-chef d'Etat. Hier, et à l'heure où était rédigé cet article, aucun élément n'était encore disponible pour éclairer sur la manière dont a été arrêté Saïd Bouteflika. A-t-il été lui aussi destinataire d'une convocation à laquelle il se serait rendu avant d'être placé en détention ? En début de soirée, aucun communiqué officiel n'avait encore été rendu public pour clarifier ces zones d'ombre. Ils ne constituent toutefois que l'aspect formel d'une situation inédite et à laquelle beaucoup s'attendaient sans savoir s'il fallait cependant y croire. Comme le général Toufik et Tartag, Saïd Bouteflika fait partie de ceux que le chef d'état-major considère comme étant le groupe de conspirateurs menaçant «par leurs activités» la stabilité de l'ANP et portant atteinte au mouvement populaire. Depuis la démission de Abdelaziz Bouteflika, le 2 avril dernier, Gaïd Salah n'a eu de cesse de dénoncer en particulier le général Toufik l'accusant de se livrer à des activités douteuses. Il était notamment question d'une réunion devant déboucher sur la désignation de Zeroual à la tête d'une instance de transition devant mener à l'organisation d'élections libres. Des informations sciemment distillées faisaient état de la présence d'agents des services français. Très peu enclin aux déclarations publiques, Mohamed Mediene a fini par réagir dans un écrit transmis aux médias et dans lequel il démentait les faits qui lui étaient reprochés. Mais il figurait visiblement dans la ligne de mire de Gaïd Salah qui lui a adressé de nouvelles mises en garde au bout desquelles il a fini par passer à l'action. Le général Tartag, qui avait démissionné le jour de l'annonce du départ de Bouteflika, est lui soupçonné d'être l'un des éléments centraux du groupe de conspirateurs. Saïd Bouteflika est, quant à lui, présenté comme étant la tête de la «bande» (issaba) comme le l'a désigné le chef d'état-major. Depuis la fin du règne des Bouteflika, plusieurs membres de ceux qui constituaient autrefois le rempart autour du programme présidentiel ont directement désigné Saïd comme étant le «chef des forces extraconstitutionnelles ». Celui-ci, dit-on, était le réel détenteur du pouvoir depuis la maladie de son frère. A l'heure où la rue réclamait son arrestation, l'ancien ministre de la Défense, le général Khaled Nezzar, a enfoncé le clou en informant l'opinion que Saïd Bouteflika projetait d'instaurer l'état de siège ou l'état d'urgence pour casser le mouvement populaire. Une réponse de Gaïd Salah aux Algériens qui l'accusaient d'ambiguïté dans sa démarche, ou une évolution logique d'un processus enclenché depuis la démission de Bouteflika ? Sans doute les deux à la fois. Les arrestations de hautes personnalités pourraient, en tout cas, se poursuivre, indique-t-on dans les milieux bien informés. A. C.