Louisa Hanoune a pu recevoir ses premières visites en prison hier après-midi. La secrétaire générale du PT garde un «moral d'acier», affirme son entourage. Abla Chérif - Alger (Le Soir) - Le soulagement était grand hier au sein du Parti des travailleurs et du comité d'action mis sur place pour la libération de Louisa Hanoune. Restés sans nouvelles depuis l'incarcération de cette dernière, tous ont pu apprendre qu'elle se portait bien, ses avocats ont pu le constater en lui rendant visite après plusieurs heures passées au tribunal militaire de Blida à accomplir la procédure de constitution. Le collectif composé de Mes Mokrane Aït Larbi et Ghechir a ensuite dû accomplir les formalités nécessaires pour l'obtention d'une autorisation de visite. Le document leur a été délivré peu avant 15 h leur permettant ainsi de se rendre au centre de détention civil de Blida, après avoir introduit une demande de mise en liberté provisoire. La SG du PT avait été placée sous mandat de dépôt jeudi après avoir été entendue plusieurs heures par le juge d'instruction du tribunal militaire dans le cadre de l'affaire de Saïd Bouteflika et des généraux Toufik et Tartag. Samedi, ses plus proches collaborateurs, mais également des membres du comité d'action pour sa libération se sont rendus sur les lieux pour tenter d'obtenir un droit de visite, mais en vain. Au tribunal militaire, l'instance devant leur délivrer le permis de visite, il leur a été signifié que nul n'était en mesure de signer cette autorisation car il s'agissait d'un jour de week-end. Cette impossibilité de pouvoir s'enquérir de la situation de la SG du PT a fait monter d'un cran l'inquiétude qui s'est installée depuis sa convocation puis sa mise en détention. Samedi après-midi, le parti a d'ailleurs publié un communiqué où il se disait alerté par cette impossibilité de pouvoir prendre contact avec sa responsable. Cette même inquiétude s'est fait ressentir de manière encore plus forte au sein de la majorité de la classe politique alertée par la tournure prise par les évènements. Les réactions à l'incarcération de Louisa Hanoune se sont faites plus nombreuses depuis ce week-end, très critiques également, et appellent toutes à la «libération inconditionnelle et immédiate» de celle qui est considérée comme étant une détenue d'opinion. Cet emprisonnement a aussi entraîné un très vaste mouvement de mobilisation. Les personnalités politiques, acteurs de la vie associative ou culturelle, se sont exprimés de manière très crue, directe, puisque l'acte a été considéré comme étant «une grave dérive, un virage dangereux portant atteinte à l'expression libre». Dans ce contexte, on remarque que le président du MSP (Mouvement pour la société de la paix) a préféré nuancer ses premiers propos dans lesquels il préférait garder sa neutralité puisqu'il a publié (sur sa page Facebook) un nouveau texte dans lequel il appelle à sa libération «si la raison de la détention est liée à sa position politique, ses relations et contacts noués dans ce cadre et protégés légalement et constitutionnellement». La majorité des autres acteurs politiques ne font pas dans la nuance eux. Après le RCD, le FFS, Jil Jadid, Mouwatana a publié un texte très incisif et qualifiant en substance cette incarcération de «grave atteinte aux libertés politiques». Dans un texte publié hier sur sa page Facebook, Saïd Sadi a, quant à lui, réitéré sa solidarité avec la SG du PT. Tout en exprimant sa «ferme condamnation», le PLD (Parti pour la laïcité et la démocratie) s'est interrogé sur le fait que les «raisons avérées» n'aient pas été avancées et soient aussi «énigmatiques» tout comme celles des «officiers arrêtés pour des raisons pour le moins incompréhensibles (…)». Le PNSD a tenu lui aussi à réagir par la voie de son premier responsable. Mohamed Taleb Chérif se dit «outré et indigné par l'incarcération d'une militante de longue date». Au nom de son parti, il a appelé à une «libération immédiate et inconditionnelle». L'ancienne ministre de la Culture, Khalida Messaoudi, s'est, quant à elle, de nouveau exprimée sur l'affaire hier. Dans un entretien accordé au site électronique TSA, elle a qualifié la démarche de «dérive totalitaire, et cette conception est un danger pour tout le pays. Il faut que les gens qui ont décidé de cette incarcération reviennent à la raison et qu'ils se rendent compte que son arrestation est quelque chose de terrible pour le pays et pour l'image de l'ANP». A l'échelle internationale, plusieurs partis de défense des travailleurs ont exprimé leurs vives inquiétudes. De Cuba, d'Amérique Latine, du Cameroun, mais aussi du Maroc des appels à la libération ont été lancés. A. C.