L'incarcération inattendue de la secrétaire générale du Parti des travailleurs, Mme Louisa Hanoune, jeudi, "après avoir répondu à une convocation du juge d'instruction du tribunal militaire de Blida comme témoin", a été fortement condamnée aussi bien par la classe politique que par la société civile. La condamnation des uns et l'indignation des autres font ressortir de vives inquiétudes exprimées, à la veille du 12e vendredi de mobilisation populaire historique, quant au devenir des libertés politiques et des libertés en général. Ainsi, pour Soufiane Djilali, président de Jil Jadid, l'emprisonnement de Louisa Hanoune pose "clairement la question des libertés politiques et interroge sur les véritables intentions du nouveau pouvoir". Dans une déclaration rendue publique, M. Djilali rappelle que cette arrestation intervient malheureusement au moment où "le mouvement populaire appelle à la mise en place d'un Etat de droit, ces affaires judiciaires doivent être impérativement clarifiées auprès de l'opinion publique. Le régime de Bouteflika doit être remplacé par un processus démocratique et en aucun cas par un système autoritaire". Le Front des forces socialistes considère que "rien ne peut justifier cet acte arbitraire et abusif". Se déclarant solidaire avec le Parti des travailleurs, le premier secrétaire de la formation relèvera que ce "nouveau forcing du pouvoir réel algérien vise à faire aboutir son agenda politique en laminant toute voix discordante et en torpillant la révolution populaire". Dans un commentaire publié jeudi sur sa page Facebook, le leader du RCD, Mohcine Belabbas, qui a condamné l'incarcération de Mme Louisa Hanoune sans la citer nommément, relèvera que "les signes distinctifs d'un coup d'Etat militaire sont de plus en plus visibles : le contrôle militaire des affaires politiques et la mise en branle de la justice par des ordres". Et de rappeler plus loin : "Les pays ne sont pas gérés comme des casernes où il n'y a pas de place pour les débats et la critique. Imposer le système des casernes dans la vie sociale mène à la tyrannie." De son côté, le président du RAJ, Abdelouahab Fersaoui, estime que la décision du tribunal militaire de Blida de placer Louisa Hanoune en détention provisoire, dans le contexte actuel, "est un acte de défiance et révélateur de la volonté du pouvoir réel incarné par le chef d'état-major de faire passer de force son agenda consistant à maintenir le système en organisant les élections du 4 juillet, malgré son rejet par le peuple algérien". Le militant politique et ancien responsable au FFS, Djamel Zenati, a estimé, pour sa part, que l'arrestation de Louisa Hanoune "marque un tournant dangereux dans l'évolution de la crise dans notre pays", qualifiant cela d'"inquisition". La Ligue algérienne de défense des droits de l'Homme, tendance Me Zehouane qui s'indigne contre l'arrestation de la SG du PT, indiquera dans un commentaire publié sur sa page Facebook qu'"aujourd'hui encore, un autre pas est franchi". "Une femme politique chef d'un parti, regrette-t-il, est arrêtée après sa comparution en tant que témoin devant le tribunal militaire, ouvrant par-là la voie à tous les scénarios et à toutes les dérives." Et de poursuivre pour relever qu'il s'agit d'une "escalade qui nous inquiète à plus d'un titre". "Cette affaire de conspiration contre l'armée ne sera-t-elle pas un bon alibi pour faire taire toutes les voix discordantes contre la feuille de route politique que le général Gaïd Salah veut imposer au peuple ?", s'interroge-t-il. Hanafi H.