Des sénateurs de l'ex-parti unique emboîtent le pas à leurs camarades de l'Assemblée populaire nationale en orchestrant un coup de force contre le président intérimaire de la Chambre basse du Parlement. Loin de coller aux revendications du peuple dont l'une d'elles porte sur la dissolution de ces deux Assemblées illégitimes pour être issues du régime de l'ex-président de la République Abdelaziz Bouteflika, poussé à la démission, des sénateurs du groupe parlementaire du FLN ont bien une autre «préoccupation», celle de destituer Salah Goudjil du poste de président intérimaire et le remplacer par un des leurs. Tout ce beau monde se fie à l'article 6 du règlement intérieur du Conseil de la Nation qui évoque la vacance du poste de président de ladite Chambre haute du Parlement en raison du décès, d'une démission, d'incompatibilité ou d'un vide juridique ou d'empêchement. Sauf que dans le cas présent, Abdelkader Bensalah ne vérifie aucun des cas de vacance du poste comme brandi par ces sénateurs, et au bout de son intérim de 90 jours à la tête de l'Etat suite à la démission de l'ex-président de la République, il aura à reprendre le perchoir du Conseil de la Nation. Un intermède lors duquel Salah Goudjil assure, lui également, en sa qualité de membre le plus âgé du Sénat, l'intérim. Un cas loin d'être inédit puisque la même situation s'est produite à la mort du défunt président Houari Boumediène. En effet, ce fut le défunt président de l'APN, le pays n'étant pas doté à cette époque du Sénat instauré en 1997 par l'ex-président Liamine Zeroual, Rabah Bitat d'assurer l'intérim à la tête de l'Etat jusqu'à ce que Chadli Bendjedid fut élu président de la République avant de reprendre le perchoir du Parlement. Un scénario similaire est échafaudé au niveau de la Chambre basse du Parlement avec la réédition envisagée du scénario du débarquement de Saïd Bouhadja. Sauf que dans ce cas, les députés mettent en avant leur souci d'accompagner le mouvement populaire dont l'une de ses revendications phares qui consiste en le départ de Moad Bouchareb. Ceci en faisant tout pour l'isoler et le pousser à la démission. Et le boycottage, jeudi dernier, d'une séance plénière consacrée à des questions orales de députés à des membres de l'exécutif s'inscrit dans cette démarche. Mais depuis, aucune autre étape n'est avancée, à croire que l'ardeur des pourfendeurs de Bouchareb a été refroidie par un quelconque ordre venu d'on ne sait où pour surseoir à leur «machination», comme fut le cas pour Bouhadja dont la destitution dans les conditions que l'on sait a été inspirée par les fameuses forces extraconstitutionnelles. Des forces agissant dans l'ombre qui ne seraient pas toutes démantelées, à en croire bien d'hommes politiques et d'observateurs qui estiment que si Bouteflika a été poussé à la retraite, le «bouteflikisme», avec ses corollaires clés, coups bas et putschs renouvelés sans cesse, est encore là. M. K.