En attendant le 12e vendredi de mobilisation, le premier depuis le début du mois de Ramadhan, les étudiants ont décidé de maintenir le flambeau de la Révolution allumé. Hier, au premier mardi du Ramadhan, ils ont déçu ceux qui comptaient sur l'essoufflement, ou du moins, l'affaiblissement du mouvement durant le mois de jeûne. Karim Aimeur - Alger (Le Soir) - La mobilisation était intacte, que ce soit à Alger ou dans les universités des autres wilayas du pays. Le test a été réussi et la marche d'Alger a drainé les foules des grands jours. Les étudiants ont sillonné, dès 10 heures, les rues de la capitale, où un impressionnant dispositif des forces de l'ordre a été déployé, avec la même détermination. Ils ont confirmé qu'ils ne reculeront devant rien jusqu'au départ définitif du système politique. Venus des différentes facultés d'Alger, les étudiants se sont donné rendez-vous au niveau de la place de la Grande-Poste. Portant le drapeau national et l'emblème amazigh pour certains, ils ont emprunté l'avenue Pasteur en lançant les habituels slogans contre les figures du régime. Le tunnel des Facultés étant soigneusement bouclé par un fort cordon sécuritaire, les manifestants ont dû descendre par la rue du 19-Mai-1956 qui longe la Fac centrale avant de remonter vers la place de la Grande-Poste. En maintenant la mobilisation, les étudiants ont confirmé que le slogan qu'ils lançaient les semaines passées, en l'occurrence « On ne va pas s'arrêter, même durant le Ramadhan, nous allons sortir » n'était pas vain. Ni les menaces, ni les manœuvres, ni les diversions, ni le Ramadhan ne viendront à bout de cette dynamique qui a gagné la société depuis le 22 février. Les marcheurs se disent déterminés à poursuivre la mobilisation jusqu'au départ du «gouvernement du montage et du bricolage», de la «bande de la cocaïne» et de la «bande des traîtres». L'arrestation des membres influents de la bande désignée comme étant la tête des forces extraconstitutionnelles, à savoir Saïd Bouteflika et les généraux Toufik et Tartag, n'a pas, non plus, affaibli le mouvement estudiantin. Bien au contraire. Se disant pas inquiétés par le spectre de l'année blanche qui s'annonce, ils promettent de ne pas rentrer chez eux sans que les revendications du peuple soient satisfaites. «On n'est pas contre les études mais contre la bande de la présidence», lit-on sur une banderole alors que sur une autre, on peut lire l'engagement à poursuivre la lutte : «Pouvoir tyrannique implique révolution historique.» Tout au long de la marche, les étudiants ont exprimé leur rejet de l'élection présidentielle du 4 juillet dont le maintien a été annoncé par Abdelkader Bensalah il y a quelques jours. «Makach intikhabat ya el issabat» ou «Il n' y aura pas d'élections, espèce de bandes», ont-ils entonné, rejetant ainsi tout processus de transition mené par les figures du régime mis en place par Bouteflika. La marche, qui s'est déroulée dans le calme, s'est dispersée vers 13h dans le calme. K. A.