La contestation gagne le rang des pharmaciens d'officine. Lundi prochain, ils se rassembleront devant le ministère de la Justice avant d'envisager une grève nationale le 29 mai prochain. Le Snapo monte au créneau, appelant à la mise en place de mesures urgentes pour la protection de pharmaciens qui vivent sous la menace du fait de la vente de psychotropes. Nawal Imès - Alger (Le Soir) - La lancinante question de la sécurité et de la protection du pharmacien d'officine refait surface. Le Syndicat national des pharmaciens d'officine sort de sa réserve et annonce une journée de protestation pour lundi prochain. Il envisage d'entamer une grève nationale dès le 29 mai avant de cesser toute vente de psychotropes dans les pharmacies. Les pharmaciens exigent, en effet, davantage de protection. Non seulement ils doivent faire face aux menaces des personnes dépendantes aux psychotropes mais également à celles de la justice qui condamne régulièrement des pharmaciens pour la vente de produits ne figurant pas sur la liste des médicaments classés comme psychotropes. Une situation qui, selon Messaoud Belambri, ne peut plus durer. Le président du Snapo explique, en effet, que « nous vivons dans la peur. On sort le matin et on se demande si on va rentrer chez nous le soir. Si on va être tué ou si on va être emprisonné. De nombreux pharmaciens abandonnent la vente de ces produits. Nous vivons dans un climat d'insécurité et de peur. Au lieu que la justice nous protège, elle se met à nous condamner ». Il indique, en effet, que pas plus tard que cette semaine, un médecin et un pharmacien ont été condamnés à 2 ans de prison. Une autre pharmacienne a écopé de dix ans de prison sur la base de témoignages de délinquants, en l'absence de preuves directes, ajoute-t-il. Comment en est-on arrivé à cette situation ? Ce sont les textes de loi qui entretiennent un flou qui permet des poursuites judiciaires à l'encontre des pharmaciens. Selon le président du Snapo, les produits psychotropes doivent être classés officiellement par le ministère de la Santé et publiés dans le Journal officiel. Un projet d'arrêté avait été préparé en 2015 mais le secrétariat général du gouvernement et le ministère de la Justice se sont opposés à la publication des tableaux. Ce qui entraîne, dit-il, sur le terrain une totale confusion par rapport aux produits qui font l'objet de détournement. Lors d'une récente rencontre avec des représentants du ministère de la Santé, ces derniers s'étaient engagés à publier cette liste mais Messaoud Belambri estime que « le problème ne sera pas réglé. La problématique, ce n'est pas l'inexistence des listes, celles-ci existent et sont officielles, mais elles ne sont pas opposables du fait qu'elles n'ont pas été publiées dans le Journal officiel. Même quand on les présente devant le juge, il vous dit que ces listes ne sont pas opposables parce qu'elles n'ont pas été publiées dans le Journal officiel, alors que ce sont des listes internationales adoptées par l'Algérie». Le Snapo réclame des mesures urgentes devant permettre de mettre le pharmacien d'officine non seulement à l'abri des agressions mais également des poursuites judiciaires. Si son appel n'est pas entendu, il n'exclut pas de demander aux pharmaciens d'officine de cesser toute vente de ces produits. N. I.