Les comparutions de témoins dans l'affaire de Saïd Bouteflika et des généraux Toufik et Tartag se poursuivent. Des sources concordantes ont ainsi indiqué que l'ancien président du Conseil constitutionnel s'est présenté ce jeudi au tribunal militaire de Blida. Au cours de la même journée, plusieurs chaînes de télévision privées qui suivent de très près l'évolution de ces affaires ont annoncé également la comparution de Mokhtar Reguieg, ancien chef du protocole à la présidence de la République et membre de ceux considérés comme étant les hommes sûrs sur lesquels s'appuyait Abdelaziz Bouteflika. Il en est de même pour Taïeb Bélaïz, l'ancien président du Conseil constitutionnel qui avait, dit-on, préféré démissionner avant qu'on ne le pousse de manière humiliante vers la porte de sortie. Son nom figurait à ce moment parmi les trois B (Bélaïz, Bedoui, Bensalah) dont le départ était réclamé par la rue. Depuis après sa démission, Bélaïz était resté discret, mais des sources bien informées indiquent qu'il lui avait été tout récemment demandé de ne pas se déplacer à l'étranger. Durant la matinée de jeudi, il a donc été écouté à son tour par le magistrat en charge du dossier de «complot contre l'Etat» et «atteinte à l'autorité militaire» pour lesquels ont été inculpés et emprisonnés Saïd Bouteflika ainsi que les généraux Toufik et Tartag. Les télévisions privées n'ont pas retransmis les images de ce dernier gravissant les marches du tribunal militaire comme ce fut le cas pour le groupe concerné mais aussi la secrétaire générale du Parti des travailleurs. Contre toute attente, Louisa Hanoune avait été, elle aussi, convoquée pour témoigner dans cette affaire puis écrouée. Son incarcération a été largement dénoncée et considérée comme une grave atteinte à la liberté d'expression et aux activités des chefs politiques. Jeudi, son avocat, Me Rachid Khane, a informé l'opinion que cette dernière n'a à aucun moment nié les contacts que sa cliente avait eus avec Saïd Bouteflika et le général Toufik depuis le début des évènements. De sa prison, Louisa Hanoune a fait savoir qu'une rencontre de courte durée (moins d'une heure) s'était déroulée entre elle, le frère conseiller du Président et l'ancien patron du DRS et que cette dernière avait uniquement pour objectif de tenter de trouver une solution à la crise. Le post de son avocat sur Facebook tendait, quant à lui, à démontrer la légalité des activités politiques que peuvent avoir les chefs de partis. Jusqu'ici, Louisa Hanoune est le seul témoin qui a été inculpé dans cette affaire. Durant la semaine écoulée, un autre témoin, de taille, Khaled Nezzar, a été convoqué et écouté par le juge d'instruction. Son témoignage paraît capital dans le dossier en question puisque ce dernier a été entendu sur la base des déclarations dans lesquelles il révélait l'intention de Saïd Bouteflika d'instaurer l'état d'urgence ou l'état de siège en cas de persistance des manifestations comme il projetait de renverser l'actuel chef d'état-major qui haussait le ton pour chasser le Président de son poste. Le groupe de «conspirateurs» a, quant à lui, été arrêté six jours après que ces éléments eurent été rendus publics puis écroués le lendemain. Même si elle a provoqué un effet de surprise, la convocation de Taïeb Bélaïz est considérée comme étant logique dans la mesure où ce dernier figurait parmi les hommes de confiance, et lui étant fidèles surtout, mis en place par Abdelaziz Bouteflika. Celui-ci, dit-on, est l'une des rares personnes ayant eu accès, et même entouré, le Président avant sa démission. Durant la semaine, d'autres hauts responsables proches de Bouteflika seront, eux aussi, entendus par le tribunal de Blida. A. C.