A la surprise générale, Belgacem Zeghmati a été désigné procureur général près la cour d'Alger. Le magistrat le plus célèbre du pays avait été chassé de son poste par Abdelaziz Bouteflika après qu'il eut émis un mandat d'arrêt international contre Chakib Khelil et sa famille. La surprise est de taille et pour plusieurs raisons. L'une d'elles est liée au fait que sa nomination est intervenue en journée très particulière, ce jeudi, durant laquelle des anciens Premiers ministres, ministres et hauts responsables comparaissaient devant le tribunal de Abane-Ramdane. L'opinion y a vu une accélération des affaires anticorruption dans un contexte où la justice est toutefois ciblée par de graves critiques mettant en cause son indépendance et donc son aptitude réelle à prendre en charge des dossiers aussi sensibles. Ces lourdes suspicions ont d'ailleurs poussé le parquet d'Alger à réagir deux fois pour se défendre contre ces accusations promettant également de tenir l'opinion informée des affaires dans les limites de ce que prévoit la loi. Après une accalmie de quelques semaines, les avocats et magistrats engagés dans un combat pour une justice libre ont de nouveau manifesté leur colère. Le syndicat des magistrats a fait savoir subtilement que la justice actuelle ne peut se prévaloir d'être indépendante en raison des «instruments» sur lesquels elle se base dans son travail. C'est dans ce contexte que la nomination de Belgacem est intervenue. Son nom est intimement lié à l'affaire Chakib Khelil. Après avoir annoncé, en pleine conférence de presse, avoir lancé un mandat d'arrêt international contre ce dernier et des membres de sa famille, il avait été écarté de sa fonction par Bouteflika avant d'être définitivement relevé par décret présidentiel. Son retour est considéré comme étant un signal fort en faveur d'une nouvelle justice. A. C.