Treizième acte de la mobilisation et deuxième vendredi du Ramadhan, les citoyens de la wilaya de Tizi Ouzou ont réinvesti la rue, toujours aussi nombreux et déterminés à poursuivre le combat pacifique jusqu'à l'aboutissement du processus révolutionnaire. Un combat qui demande «Courage et résistance !», lit-on sur une pancarte portée par un vieux manifestant. Comme tous les vendredis depuis le 22 février 2019, les marcheurs arrivant de tous les villages et villes de la wilaya font montre de la même constance dans les revendications comme le montrent les mots d'ordre et les slogans portés à bout de voix ou scandés sur des banderoles ou des cartons. Des mots exprimant le refus du fait accompli des solutions imposées et qui ne soient pas l'émanation de la volonté du peuple. Il y a d'abord cette insistance à dégager le système, ciblant les hommes qui perpétuent par leur reconduction à la tête du gouvernement et de l'Etat l'héritage du pouvoir bouteflikien. «Ceux qui sont à l'origine de la crise ne peuvent pas la résoudre», tranche ce manifestant sur une grande pancarte. De fait, Bedoui et Bensalah font toujours l'objet de la vindicte du peuple qui les invite à partir. Et la liste des candidats au départ s'est allongée depuis quelques semaines déjà pour toucher le chef de l'EMG de l'ANP, Gaïd Salah, considéré lui aussi comme faisant partie du système et du pouvoir qu'il s'est employé à déboulonner comme veulent bien le montrer les procès et les auditions en série des anciens pontes du régime par la justice. L'investissement personnel et déclaré de Gaïd Salah dans le combat anticorruption ne lui vaut, visiblement, pas les faveurs du peuple. «Gaïd Salah dégage !», «On ne vous demande pas de juger, mais de dégager», «Gaïd Salah trahit le peuple et protège la 3isaba (le clan)». Le même Gaïd Salah est interpellé par les marcheurs qui refusent sa feuille de route. «l'Algérie, une république, non une caserne !», clament les marcheurs qui n'ont pas manqué d'afficher leur refus de voir s'installer un régime sous tutelle de l'armée. «Pour un Etat civil, non au pouvoir militaire !», «Primauté du civil sur le militaire !», ont scandé de nombreux manifestants. Ces derniers se déclarent majoritairement pour la solution politique et opposent un refus catégorique à la solution constitutionnelle promue par le pouvoir qui insiste sur l'organisation des élections le 4 juillet prochain. «Non à l'autoritarisme constitutionnel !», «Nous sommes la Constitution !», clament les marcheurs qui rejettent les élections et insistent sur une transition politique conduite par des représentants du peuple. «Seul le peuple peut décider des mécanismes de la transition !», tranche ce citoyen dans un long texte qui a tout l'air d'une pétition, écrit sur une grande affiche, arguant du fait que «la crise algérienne est politique, et la solution ne peut être que politique.» S. A. M.