Le mois de Ramadhan 2019 s'est, exceptionnellement, distingué à Annaba par plusieurs activités culturelles accueillies au théâtre Azzedine-Medjoubi et au Palais de la culture Mohamed-Boudiaf, qui changent de la monotonie ambiante durant le reste de l'année. Au début et durant une semaine, de nombreuses familles annabies ont vécu une ambiance festive. C'était durant la 14e édition du Festival national de la musique et de la chanson citadine. Limitée, par manque de subvention pour des artistes locaux dont de jeunes talents, ceux qui sont venus suivre ces soirées n'ont pas été déçus. Les artistes (une cinquantaine) qui se sont succédé sur scène ont ravivé le répertoire des qcidate de chaâbi et de malouf, au grand bonheur des mélomanes, amoureux du patrimoine national ancestral. Le public a eu, par la suite, à savourer d'autres facettes du riche répertoire musical national. Au traditionnel festival de la chanson chaâbi qu'organise la direction de la culture chaque ramadhan, animé cette année par une panoplie de jeunes artistes locaux suivant la trace de leur cheikh incontesté Brahim Bey, ont succédé, durant deux soirées, des virtuoses du malouf tels Hamdi Bennani, M'barek Dakhla, Ayachi Dib… Par ailleurs, en présence des autorités locales, des hommages ont été rendus aux nombreux musiciens et chanteurs ayant inscrit leurs noms en lettres d'or dans le livre de l'histoire artistique de Annaba, à l'image des défunts Ali Mabrouk, Mohamed Bouhara et Hassan El-Annabi. Ceux encore de ce monde et qui sont toujours en exercice, enrichissant encore le patrimoine immatériel de la Coquette, n'ont pas été en reste. La série d'hommages s'est poursuivie ce dernier dimanche 26 mai, une date qui coïncide avec la fête des mères, avec une cérémonie dédiée à la gent féminine, notamment à la chanteuse de fqirat, Bent T'qiya. Née en 1925 et issue d'une famille d'artistes (musiciennes et musiciens), Bent T'qiya est l'une des doyennes de la chanson fqirat à Annaba. Un style de musique soufie comportant des madihs féminins relevant du patrimoine immatériel des villes de Annaba et Constantine. Bent T'qiya était considérée comme une conservatrice de la chanson fqirat et connue des grandes familles bônoises. Elle avait le grade de Rayssa, l'équivalent de chef d'orchestre. Décédée en 2018, Bent T'qiya a transmis son savoir-faire à de nombreuses chanteuses de fqirat qui ont pris la relève et qui continuent d'enchanter le public annabi, principalement féminin. La cérémonie d'hommages qui a eu lieu lors d'une soirée spéciale fqirat, à laquelle ont pris part les chanteuses Zhour, Fella Bent Chaker, Farida Saker, Hassina Kherrazi et Nadia Khalfa, était animée par l'orchestre Ouled Makhlouf. A. Bouacha