Malgré la chaleur et le jeûne, la rue a encore grondé hier à Sétif pour la 15e semaine consécutive avec d'impressionnantes manifestations qui se sont déroulées en face du siège de la Wilaya. La sortie d'hier a été l'occasion pour les Sétifiens de rendre hommage à Kamel-Eddine Fekhar et aux trois autres personnes décédées dans les manifestations depuis le début du mouvement populaire (Hirak), le 22 février dernier. Le premier martyr du Hirak est Hassan Benkhedda, fils de Benyoucef Benkhedda, président du GPRA lors de la révolution, décédé le vendredi 1er mars dans des conditions non encore élucidées. Ramzi Yettou était le second à payer de sa vie ce mouvement populaire. Il succombera à ses blessures à l'hôpital Mustapha-Pacha le 19 avril après avoir été tabassé par les forces de l'ordre. La troisième victime du mouvement est Nabil Asfirane qui a été terrassé par une crise cardiaque en pleine marche à Alger le vendredi 24 mai. Quant à Kamel-Eddine Fekhar, militant des droits de l'Homme, il est décédé mardi 28 mai à l'hôpital de Blida après une grève de la faim alors qu'il était en détention à la prison de Ghardaïa. Ainsi, après avoir tenu une minute de silence en mémoire des défunts, les manifestants ont brandi plusieurs banderoles, pancartes et écriteaux portant les noms des «martyrs du Hirak» «Votre mort ne sera pas vaine. Le peuple continuera votre noble combat». «Le peuple ne dialoguera jamais avec ceux qui ont assassiné». «Libérez les détenus politiques et les prisonniers d'opinion», lit-on sur des pancartes. Les Sétifiens ont par la suite répondu par le refus à l'appel lancé mardi dernier par Gaïd Salah qui prônait le dialogue. «Non au dialogue avec les Bensalah et Bedoui» a scandé le peuple des Hauts-Plateaux qui maintient sa principale revendication relative au départ des 2B. «La souveraineté au peuple, système dégage» réclament les manifestants dont la mobilisation est toujours intacte malgré le Ramadhan. Par la suite, les manifestants ont repris les principaux slogans habituels du mouvement, appelant au départ du système et à l'avènement d'une nouvelle République démocratique et d'un Etat de droit. «Système dégage » et «Yetnahaw gaâ» (qu'ils s'en aillent tous), les manifestants scandaient «silmia, silmia» (pacifique), «Djazaïr hourra démocratia» (Algérie libre et démocratique) et «El djeich chaâb khawa khawa» (fraternité peuple et armée)». les manifestations se sont déroulées comme d'habitude dans le calme et la sérénité sous le regard vigilant mais fraternel des éléments des services de sécurité. Imed Sellami