L'armée a réitéré, une nouvelle fois ce week-end, sa position intransigeante par rapport à la crise politique : aller vers l'organisation d'une élection présidentielle dans les meilleurs délais, ne jamais dévier du cadre constitutionnel et institutionnel et le rejet, ferme et sans concession, de toute autre forme de transition. Le dialogue auquel elle appelle doit se tenir autour de cette seule élection présidentielle. Kamel Amarni - Alger (Le Soir) - L'institution militaire s'est exprimée, cette fois, à travers l'éditorial de son organe central, la revue El Djeïch, dans son édition de juin 2019, parue hier vendredi. Intervenant après le report, sine die, de la présidentielle du 4 juillet par le Conseil constitutionnel et au lendemain du discours à la Nation du chef de l'Etat, Abdelkader Bensalah, le très officiel éditorial d'El Djeïch, intitulé d'ailleurs « Sur la voie de la légalité constitutionnelle » , affirme qu'« en pareille crise complexe que travers notre pays, l'intérêt de la Nation, comme l'avait souligné le Haut Commandement de l'ANP dès le début, est d'opter pour la voie du dialogue sérieux, fructueux et constructif et d'aller, dans les plus brefs délais, vers la recherche de solutions adéquates à même d'éviter à notre pays de verser dans des futilités qui rendraient la situation encore plus complexe et couperaient définitivement la voie à la période de transition qui ne pourrait que conduire à une situation encore plus difficile à maîtriser ». Comme Bensalah la veille, et, auparavant, le chef de l'état-major, Ahmed Gaïd Salah, la revue El Djeïch précisera que « parallèlement à la nécessité d'engager le dialogue sur la base de ce qui a été précédemment défini, il importe d'entourer les dispositions en rapport à cette démarche par des instruments constitutionnels adéquats que sont la Constitution et l'installation de l'instance indépendante chargée de l'organisation et de la supervision des élections en tant qu'outil légal garantissant le déroulement d'élection présidentielle libre, intègre et crédible. Ce qui éviterait à notre pays de se retrouver dans une impasse ». L'armée affirmera qu'il s'agit là, d'une position de principe qui découle de sa conviction profonde et de son souci de préserver l'Etat et ses institutions. L'éditorialiste d'El Djeïch écrira à ce propos que « la position de notre institution qui est que la solution à la crise passe impérativement par l'option de la légitimité constitutionnelle qui permettra au peuple l'exercice de son droit à élire le président de la République dans les plus brefs délais, et avant cela convier à la table du dialogue des personnalités nationales et des élites sincères et fidèles à la patrie afin de trouver une issue favorable qui satisfasse l'ensemble, découle de la conviction de l'institution de son souci de veiller à la continuité de l'Etat et de son attachement aux engagements qu'elle a exprimés, en de maintes occasions , d'accompagner le peuple et les institutions de l'Etat, et de faire échec à tous les scénarios aux néfastes desseins ». L'armée se dit convaincue que le dialogue qu'elle prône « est de nature à économiser du temps en réduisant la durée de la crise, comme elle donnera lieu à la proposition d'initiatives sérieuses de sortie de crise et, par là même, permettre de neutraliser toute proposition destinée clairement à faire perdurer la crise ». Aussi, et comme le faisait le patron de l'état-major , le général de corps d'armée Ahmed Gaïd Salah, à l'occasion de sa dernière visite en 6 ème Région à Tamanrasset, il y a quelques jours, la revue El Djeïch dénonce , en des termes forts, ce qu'elle qualifie « d'intentions malveillantes » . En allusion certainement à des partis ou des personnalités partisans d'une transition en place et lieu de la présidentielle que propose et défend l'ANP, El Djeïch estimera, en effet, que « aujourd'hui, et plus que jamais, les intentions malveillantes et les plans diaboliques, les dépassements outranciers et dangereux de certaines parties qui, suivant la logique des bandes, cherchent à abuser l'opinion publique. Les tentatives désespérées de susciter le doute sur toute initiative nationale crédible à même de mener vers une véritable sortie de crise ». Et ce, précise encore l'organe central de l'armée, « à travers l'utilisation immorale des médias, qu'il s'agisse de journaux ou de supports audiovisuels, pour construire des scénarios farfelus et distiller des mensonges venimeux, des informations erronées ou falsifiées n'ont d'autres buts que de voir la situation perdurer, voire s'aggraver ». A travers son organe central, l'institution militaire insiste , en tout cas plus que jamais, sur l'impérative nécessité d'éviter une cauchemardesque situation de vide constitutionnel et institutionnel, et s'engager, le plus tôt possible, dans le processus devant aboutir à l'élection d'un président de la République. On y lit, en effet, qu'« il est important de rappeler que seul le dialogue est à même d'ouvrir la voie à une issue légale et constitutionnelle garantissant l'organisation de l'élection présidentielle le plus rapidement possible, tant il est vrai que les discussions stériles et infructueuses ne sont que perte de temps et d'occasions pour l'ouverture d'un dialogue véritable et sincère. Fait de concessions réciproques, qui rapprocheraient les points de vue au service de l'intérêt suprême du pays et la satisfaction de davantage de revendications exprimées par le peuple ». En somme, et du point de vue de l'armée, l'enjeu qui interpelle urgemment le pays est de réunir les conditions nécessaires à l'organisation d'élection présidentielle crédible ou, du moins, incontestable. K. A.