Invité, ce dimanche 9 juin, à animer une conférence-débat sans thème précis, Nabni (Notre Algérie bâtie sur de nouvelles idées) est revenu sur les grandes questions qui font l'actualité politique dans le contexte de la recherche de sortie de crise, questions au demeurant développées lors de la rencontre à l'Ecole polytechnique d'El Harrach. Il faut dire que c'est dans une salle défraîchie, mal aérée en ces premières chaleurs estivales que la poignée de journalistes qui se sont déplacés ont eu à prêter attention aux interventions des animateurs de Nabni rompus à ce genre d'exercice. Il n'en ressort rien de nouveau de cette rencontre qui aura quand même le mérite de faire un large tour d'horizon des questions à l'ordre du jour d'une actualité forte des revendications du mouvement populaire, le Hirak, le dernier discours du chef de l'Etat quant au dialogue, l'élection présidentielle qui doit se tenir dans les meilleurs délais possibles, la période de transition et le refus de cette dernière exprimé dans l'éditorial du dernier numéro de la revue El Djeïch. Bien sûr, Abdelkrim Boudra, porte-parole de Nabni, relayé par Aïd Mabrouk, rappellera à l'assistance que la réflexion est lancée dès le début du Hirak, le 22 février passé à travers les 5 chantiers de la refondation avec un accent particulier sur les libertés individuelles et collectives, la transparence de l'Etat dont le droit de regard des citoyens sur les grandes décisions qui engagent son devenir, une justice indépendance, l'implication des citoyens dans le processus électoral (une plate-forme électronique dédiée serait en cours de construction par des compétences nationales avec le concours des expatriés de la Silicone Valley – USA — entre autres). L'objectif central est de donner de la crédibilité maximale au processus électoral. En cela est-il dit, les « 3B » (Bedoui, Bensalah, Bouchareb) constituent un obstacle car il est impensable d'aller vers un scrutin crédible avec des fraudeurs. Nabni veut baliser le terrain et tenter d'apaiser peu ou prou les passions qui enflamment les débats autour de la période de transition qui doit être négociée avec le pouvoir politique. Des expériences menées ont réussi à l'exemple du Brésil, l'Indonésie ou même le Chili puisque le général Pinochet auteur du sanglant coup d'Etat contre la président élu Salvador Allende est resté. Il s'agit donc, selon les animateurs de Nabni, d'avancer dans la transition en dépassant les clivages politiques et idéologiques et la polarisation induite néfaste. Ils rappellent l'antagonisme avec les deux grands courants des années 1990. Aujourd'hui, est-il noté, les islamistes veulent profiter de cette absence d'unité des différents acteurs de la société civile et des partis politiques en tentant d'influencer le mouvement populaire qui prouve chaque vendredi qu'il ne se laisse guère influencer par ce combat d'arrière-garde. Aux forces de changement de présenter une feuille de route commune pour l'élaboration d'une plate-forme de revendications. Malheureusement, l'on note que la classe politique n'est pas du niveau du Hirak, car chaque parti défend ses intérêts étroits avec les mêmes slogans. Il faut donc que la classe politique et la société civile parviennent à une solution consensuelle face au pouvoir. Le dialogue, selon les animateurs, s'impose pour un Etat de droit et contre la corruption. Il n'y a pas d'interaction entre la classe politique et le mouvement populaire qui se nourrit d'une jeunesse gorgée de vitalité capable de balayer tous les partis s'il ne font rien pour se mettre au diapason de leurs revendications. Il faut aller à la transition, au dialogue, même si le maintien du chef de l'Etat au-delà du 9 juillet, fin de son mandat est en soi une aberration car aucune disposition juridique ne le permet. Quelles réponses apportera la rencontre du 15 juin prochain qui doit réunir autour de ces questions des acteurs de la société civile dont l'intersyndicale, le réseau Nada et nombres d'associations nationales et Nabni ? Si la peur du vide constitutionnel apparaît comme un obstacle insurmontable, Abdelkrim Boudra fera remarquer que nous y sommes déjà et que le temps presse, impactant l'économie du pays qui commence d'ores et déjà à donner des signes d'alerte. Que faire alors dans la recherche d'une porte de sortie ? Aller vers la mise en place d'un présidium ou la nomination d'un président à la fonction claire et aux prérogatives précises, confier l'exécutif à un gouvernement de technocrates, aller aux élections. B. T.