«On ne peut lancer un dialogue avec les symboles du système qui sont rejetés par le mouvement populaire», a clairement tranché Abdelkrim Boudraâ, membre du collectif Nabni. Il plaide pour un dialogue sans exclusion. Le collectif Nabni est convaincu que seul le dialogue permettra de trouver une solution à la situation d'impasse que vit le pays. «Toutes les parties de la société doivent être associées au dialogue et sans aucune exclusion», a affirmé Abdelkrim Boudraâ, membre de ce collectif lors de son passage hier au forum hebdomadaire d'El Moudjahid. Cependant, il a écarté toute possibilité de dialogue avec le gouvernement en place. «On ne peut lancer un dialogue avec les symboles du système qui sont rejetés par le mouvement populaire», a-t-il clairement tranché en appelant l'institution militaire à prendre ses responsabilités. Le collectif Nabni juge que la seule partie habilitée à dialoguer au pouvoir c'est l'institution militaire à moins qu'il y ait des changements au sein du gouvernement. «L'armée doit donner des gages pour rétablir la confiance», a soutenu de son côté Mabrouk Ayeb, membre de ce collectif. Ce dernier a mis l'accent sur l'urgence d'ouvrir une période de transition pour commencer sérieusement à préparer les conditions idoines pour tenir l'élection. Le collectif Nabni reste catégorique sur la période de transition. «La période transition est un passage obligatoire pour passer à une deuxième République, on y est déjà», a affirmé Ayeb tout en s'interrogeant toutefois sur les raisons du refus de l'institution militaire de la période de transition. Il relève qu'il y a un certain accord sur la période de transition et le report de l'élection au sein de la classe politique pour aménager et assainir l'environnement politique. Selon lui, la période de transition doit faire l'objet de consensus dès le départ sur les moyens de sa gestion et les personnalités qui seront chargées de mener ce processus. Le collectif propose que cette période soit consacrée à la révision du cadre législatif et le lancement des chantiers de la loi électorale, la loi sur les associations et sur les médias. «La transition en gestation aura pour objectif de transformer le système politique actuel en une véritable démocratie représentative qui garantisse: les libertés individuelles et collectives, l'équilibre des pouvoirs inscrit dans la Constitution, la primauté des règles formelles sur les pouvoirs informels: la fin des interférences anticonstitutionnelles dans le fonctionnement des institutions, (et) l'expression de la volonté populaire par des élections libres et ouvertes, à tous les niveaux de représentation», suggère le collectif. Les représentants du collectif estiment que se baser sur la manipulation pour affaiblir le mouvement populaire est une peine perdue. «Le mouvement a pris une dimension nationale, malgré toutes les tentatives de division, le Hirak reste intact et la mobilisation est maintenue», s'est réjoui Boudra. Ce dernier rappelle que le mouvement propose des solutions de sortie de crise afin de pouvoir répondre à ses revendications. Interrogé sur la multiplication des initiatives de sortie de crise, Boudraâ invite toutes les parties à penser à l'avenir du pays et s'éloigner des intérêts étroits pour pouvoir dégager un vrai plan de sortie de crise.