Historique est la rencontre, qui a eu lieu mardi entre les directions nationales du FFS et du RCD qui, comme l'espèrent nombre de militants des deux partis, pourrait être le prélude au dégel entre les ennemis intimes dont la guerre froide a de tout temps constitué un frein au rassemblement du camp démocratique et progressiste. M. Kebci - Alger (Le Soir) - Une délégation du doyen des partis de l'opposition, composée de son Premier secrétaire national Hakim Belahcel et de Dalila Taleb, Nora Mahiout et Nabil Aït-Ahmed, a été reçue, avant-hier mardi dans l'après-midi, par le président du RCD, Mohcine Belabbas, et trois de ses proches collaborateurs, Fettat Sadat, Ouamar Saoudi et Nassim Yassa qui ont assisté à cette rencontre inédite. Une rencontre de concertation entrant dans le cadre des rencontres menées par le FFS avec des partis politiques d'opposition et des personnalités nationales ainsi que des universitaires, dans le sillage de la conférence nationale de dialogue et de concertation à laquelle ce parti a appelé en vue de parvenir à une solution à la crise politique que traverse l'Algérie, qui a vite fait de susciter bien de réactions, majoritairement approbatrices même si des îlots de désapprobation se sont fait signaler de l'intérieur du FFS qui vit une crise interne la plus grave de son existence. Et cette rencontre lors de laquelle les deux partis ont débattu de leurs propositions respectives de sortie de crise, ce que personne n'a jamais imaginé il y a quelque temps n'aurait jamais pu intervenir sans le formidable mouvement populaire né le 22 février écoulé qui est en train de tout charrier dans son sillage, contraignant acteurs politiques, associatifs et syndicaux à «mettre de côté leurs querelles, leurs divergences et leurs clivages, au profit d'une synergie des énergies pour faire face au défi de l'heure, faire triompher cette belle révolution tranquille», comme le souligne un internaute. Une révolution qui «sert aussi à effacer les clivages, les préjugés et les pensées rétrogrades. Le FFS va à la rencontre du RCD, de bon augure pour le combat démocratique en Algérie », estime l'ex-chargé à la communication du FFS, Jugurtha Abbou. «Visiblement, la révolution fait bouger les lignes et pousse au dépassement des clivages et des calculs politiciens parfois suicidaires. Un bon vent souffle sur l'opposition », écrit un autre internaute. « Voilà une initiative salvatrice qui renforce le camp démocratique et qui outrepasse les différences de formes. Après Djamel Zenati, le RCD s'inscrit dans un front commun pour le changement, il est un honneur pour le FFS de partager une issue à la crise avec les intimes du combat démocratique. Une convergence audacieuse et de grande maturité !», estime un autre citoyen sur son compte Facebook. Pour un autre internaute établi au Canada, «cette initiative politique est excellente. Le rôle du politique est de rapprocher les points de vue afin de consolider le peu de démocrates du terrain. C'est dans l'union qu'on se retrouve tous ensemble forts et imbattables», écrit-il. Désapprobation de l'autre aile Ceci dit, cette rencontre du Premier secrétaire national du FFS avec le RCD tout comme celles qu'il a eu à avoir avec d'autres chefs de partis et de personnalités comme l'ancien député et cadre dirigeant du parti, Djamal Zénati, l'ancien ministre des finances Ali Bounouari, la présidente du parti l'Union pour le changement et le progrès (UCP), Zoubida Assoul, Ahmed Taleb Ibrahimi, Ali Yahia Abdenour, des représentants du Parti des travailleurs ainsi que des délégués des différents syndicats autonomes et des universitaires, ne semblent pas être du goût de l'autre aile du parti. Dans un communiqué signé au nom de la direction nationale du FFS, Soufiane Chioukh, membre du présidium du parti, tient à «informer l'ensemble des militants et des sympathisants en particulier et l'ensemble de l'opinion nationale que les initiatives, les rencontres et les déclarations faites au nom du FFS par le dénommé Hakim Belahcel n'engagent que lui et qu'aucune instance légitime et légale du parti ne l'a mandaté à le faire». Par conséquent, poursuit-il, «ces rencontres et engagements pris à l'insu de la direction et des membres du Conseil national et en dehors des structures du parti sont considérés nuls et sans effets». Et d'annoncer, dans la foulée, une réunion du Conseil national du parti, le 22 juin prochain. Une réunion que Belahcel dit inscrire dans le sillage d'une stratégie de «casser le FFS et de nous gêner dans notre démarche», puisque, selon lui, seuls 45 membres sur les 148 de cette instance, dont les 16 parlementaires qui refusent de quitter le Parlement comme décidé par la direction nationale du parti, sont acquis à l'autre camp mené par deux membres du présidium et bien d'élus locaux dont les P/APW de Tizi-Ouzou et de Béjaïa». Même le retour de l'ancien député et cadre dirigeant du FFS, Djamal Zénati, que Belhacel a rencontré mardi dernier dans la matinée, ne semble pas avoir les faveurs des détracteurs de Belahcel qui promet de prendre attache avec tous les anciens militants et cadres du parti qui, pour une raison ou une autre, ont pris leurs distances. «Le camarade Djamel Zenati doit savoir que la stratégie Tagumat-Kabyle qui n'avait pas fonctionné avec Si L'Hocine en 2004, ne marchera pas avec son parti, le FFS, qu'il avait abandonné depuis cette date. Il se rappellera très bien pourquoi Aït Ahmed avait mis fin à la fonction du Premier secrétaire Djoudi Mammeri après sa fameuse conférence de presse avec la formule Coca-Cola ! Dites-lui que le FFS n'a pas changé, même après ta trahison et la disparition de notre guide Hocine Aït Ahmed», écrit sur son compte Facebook Rachid Chaïbi qui fut le chef de cabinet de l'instance présidentielle et qui assure la fonction d'attaché parlementaire du parti. M. K.