Un pas dangereux a été franchi au FFS, puisque la violence a été pratiquée sur des personnes. Certains anciens cadres de ce parti relèvent une similitude très frappante entre ce qui passe dans la hiérarchie de l'Etat et ce qui se déroule au FFS. Le doyen des partis de l'opposition vit la plus grave crise de son histoire. Ce qui se passe aujourd'hui au FFS est contraire à tous les idéaux que défendait le parti fondé par feu Hocine Aït Ahmed en matière de dialogue, d'échange de points de vue, de liberté de parole, de respect mutuel… Le spectacle auquel se sont livrés, samedi dernier, les militants et cadres de cette formation n'est pas de nature à réhabiliter le politique en Algérie ! Un pas dangereux a été franchi au FFS, puisque la violence a été pratiquée sur des personnes. Certains anciens cadres de ce parti relèvent une similitude très frappante entre ce qui passe dans la hiérarchie de l'Etat et ce qui se déroule au FFS. «Les conflits au sein du sérail se traduisent dans les partis, les organisations et aussi les associations. Le clan présidentiel était dans un passé récent très uni, ce n'est plus le cas. La même chose pour le FFS», explique un ancien cadre du parti. Djamel Zenati, un ancien du FFS, ne dissocie pas la crise du FFS de celle que vit le pays et surtout du mouvement populaire. Zenati ne défend et n'accuse aucune des parties en conflit dès lors que la situation demeure confuse et les acteurs n'ont pas encore livré le fond de leurs pensées. Néanmoins, Zenati appelle à la sagesse et à l'apaisement afin d'aller vers une solution consensuelle. Mais en attendant ce consensus, l'affaire est portée devant la justice par Ali Laskri. La guerre est déclarée entre les deux parties qui s'accusent mutuellement via des communiqués. Rappel des faits : ce samedi, le siège du FFS a connu une ambiance particulière. Des dizaines de militants et d'élus locaux, notamment issus des deux puissantes fédérations, celles de Tizi Ouzou et de Béjaïa, ont pris d'assaut le siège du parti à l'occasion d'une session extraordinaire du conseil national convoqué par l'instance présidentielle. Le but était d'en découdre avec les membres de cette instance, accusée d'avoir «vidé le parti de ses cadres et militants», et de l'avoir livré à un «clan du pouvoir». Résultat : le coordinateur du présidium a été «chassé» du siège du FFS. Deux autres cadres dirigeants, Hakim Lamdani et Djamal Chafa, vice-présidents de l'APW d'Alger, ont été également évincés. Devant cette situation, le premier secrétaire national du FFS, Hakim Belahcel, a remis sa démission. Le FFS vit une situation chaotique Tout de suite après, les adversaires de Laskri ont tenu une session extraordinaire du conseil national du parti, qui s'est soldée par l'installation d'un comité de coordination provisoire, lequel se chargera de la préparation du congrès national ordinaire et de la consolidation de la lutte politique dans le cadre des principes fondamentaux du parti. «Les militants présents en masse ont imposé le départ des trois membres de l'instance ayant pris le parti en otage et usurpé la fonction de la direction nationale. Ces individus agissent de façon unilatérale en violation des statuts et règlement intérieur du parti. Ils ont empêché la tenue de sessions du conseil national à deux reprises (le 8 et le 22 mars 2019)», affirment dans un communiqué les opposants à Laskri. Ils soutiennent que toutes les initiatives de dialogue et les appels à l'apaisement pour trouver des solutions consensuelles et un compromis pouvant mettre fin à la crise qui secoue le parti ont été rejetés par ces mêmes membres. Sur le plan politique, il est reproché à Laskri et aux deux autres membres d'avoir proposé des initiatives de sortie de crise du pays sans en référer au conseil national. Des pratiques contraires à l'éthique politique du FFS. La réplique de Laskri ne s'est pas fait attendre. Il a qualifié de gravissimes les agissements de ce «groupe de baltaguia», qui n'ont, selon lui, aucun lien organique avec le parti. Laskri accuse, dans un communiqué rendu public, des «forces hostiles à la position du parti en faveur du mouvement citoyen» d'être derrière cette agression «criminelle». Face à ce coup de force, le parti décide de porter plainte contre «les auteurs des dégradations et leurs commanditaires», et reporte la prochaine session extraordinaire du conseil national à une date ultérieure, tout en frappant de nullité toute rencontre, toute nomination «non conforme aux statuts du parti» et toute décision n'émanant pas de l'instance présidentielle dans sa majorité, conformément aux statuts du parti. Laskri qui est la voix, dit-il, légitime de par les statuts du parti, appelle l'ensemble de ses structures locales et l'ensemble de ses militants à s'organiser et à s'unir «face à ces manœuvres de déstabilisation» qui, d'après lui, ne visent qu'«à neutraliser le parti dans son combat politique aux côtés de la population pour le triomphe de son projet politique, l'élection d'une Assemblée nationale constituante pour l'avènement de la IIe République», avertit Ali Laskri. Par ailleurs, après sa démission du poste du premier secrétaire, Hakim Belahcel explique son geste et décrit un parti qui vit une situation dramatique, voire chaotique. «C'est un constat amer mais combien réel», note-t-il.