La semaine a été pénible. En deux jours, deux anciens Premiers ministres se sont retrouvés à la prison d'El Harrach. C'était déjà bizarre de dire de Ouyahia et Sellal qu'ils sont…d'anciens responsables tellement on avait fini par croire qu'ils seront là pour l'éternité. De là à les imaginer en prison, tout le monde n'a pas osé sauter le pas. Pourtant, ils sont déjà devancés par du beau monde mais depuis quelque temps, on ne sait plus l'ordre d'importance, on ne sait plus la charpente de la hièrarchie, au point de se demander si toutes les certitudes dont on était nourris des décennies durant n'étaient pas qu'illusions. Du coup, on ne sait plus si c'est tant mieux ou tant pis, parce que jusqu'à preuve du contraire le système est toujours là et quand on y pense, il y a de quoi être inquiet même pour le semblant de vie qu'il donne encore à l'Etat. La semaine a été pénible. On commençait à s'habituer au « mardi gras » et voilà qu'il n'y en a plus. Bien sûr, on ne sait pas si c'est définitif ou c'est juste une pause. On ne sait pas non plus s'il n'y a plus de casernes à visiter ou c'est le visiteur qui est fatigué. Il faut dire, que du « terrain », il en a fait. On n'y a peut-être pas fait attention, mais ça fait longtemps qu'il a commencé, lui. On n'a pas encore changé d'ère géologique mais c'est quand même sous le bouteflikisme triomphant qu'il a entamé son interminable tournée. Sous le bouteflikisme et pour lui, diraient les mauvaises langues mais nous sommes déjà le vendredi, au moment où se rédigeaient ces lignes. On est passé à autre chose, voudrait-on dire. Mais est-ce qu'il y a « autre chose » ? La semaine a été pénible. Saïd Abadou est décédé et dans la foulée de sa disparition, il nous a été délivré quelques messages. Le premier est que l'indigence intellectuelle et la misère morale des hommes du système sont telles qu'il suffit à un de ses enfants d'échapper à l'ostentation et au bruit des casseroles pour se mettre à l'abri de la sanction populaire. Le deuxième message nous vient de l'Organisation qu'il a eu à diriger. Si elle n'a jamais été un exemple de vertu, de combat et de vérité, l'appel qu'elle vient de lancer pour la restitution du FLN au patrimoine historique du peuple algérien ne peut pas être ignoré. Le troisième message enfin est que la posture digne, le geste courageux, le regard lucide ou la parole juste des moments cruciaux, on continuera à les trouver là où on les attend le moins. La semaine a été pénible. Il y a des lois, des règlements et des procédures conçues avec l'arrière-pensée de ne jamais avoir à s'appliquer. Ce n'est pas pour autant qu'elles sont simplifiées. Au contraire, il faut donner l'impression que c'est du… sérieux. C'est comme la procédure sur la levée de l'immunité parlementaire, personne n'a imaginé qu'on allait « en avoir besoin » de sitôt ! Barkat et Ould Abbès… renoncent à l'immunité parlementaire parce que la procédure est longue et laborieuse ? Non, parce qu'ils savent qu'on peut la simplifier quand on veut, on peut même l'ignorer au besoin. Ould Abbès, y a du monde qui l'attend. Sur le podium de l'impopularité il peut avoir sa chance même si les places ne sont pas données. S'il n'arrive pas à briller jusque dans cette… compétition c'est que les temps sont vraiment durs pour Si Djamel. Pour beaucoup de monde, vraiment. S. L.