Les Verts poursuivent leur stage de préparation en vue de la CAN-2019 à Doha sous une insoutenable canicule. Mais ce n'est pas tant les conditions climatiques qui semblent inquiéter membres du staff, joueurs, responsables de la FAF et, surtout, le public algérien. C'est la course contre la montre pour les Verts de Djamel Belmadi. Au Qatar depuis samedi dernier, les coéquipiers de Mahrez suent sous la chaleur et l'humidité prévalant dans cet émirat de l'arabie persique. Des conditions qui mettent à l'épreuve des corps qui sortent, pour la plupart, d'une longue et dure saison. Belmadi le savait comme il avait cette certitude qu'une adaptation aux conditions de séjour lors de la compétition qui débutera vendredi prochain passe par une inévitable mise en route dans un pays qui ne diffère en la matière des bords du Nil. Et savait certainement que pour être sacré au soir du 19 juillet au Cairo-Stadium tous les sacrifices doivent être consentis. Et c'est cette notion de sacrifice qui aura présidé à la décision de l'ancien marseillais de renvoyer le jeune brestois Haris Belkebla coupable d'un écart disciplinaire qui peut paraître banal mais qui a perturbé le groupe gêné par les commentaires des fans sur les réseaux sociaux. Car Belmadi a «condamné» Belkebla suite à une information fournie par un de ses collaborateurs qui avait fuité sur les réseaux sociaux. Belmadi, «conditionné» par le mutisme qui a prévalu dans la gestion du cas Atal qu'il a «découvert» à la veille du départ pour le stage précompétitif du Qatar, a été tout simplement réactif. A-t-il pris la décision sur un coup de tête, à chaud et sans savoir qu'elle pourrait priver l'équipe d'un élément durant le tournoi d'Egypte ? Il semble que «non» puisque, malgré le silence de la structure fédérale qui n'a officialisé la mise à l'écart de Belkebla qu'à la mi-journée du mercredi, Belmadi avait déjà une solution en tête. Pas celle relayée par les médias, les réseaux sociaux ou certains cercles, supposés proches de l'EN, qui à l'unanimité ont suggéré le remplacement de Belkebla par Mohammed Benkhemassa (USM Alger). Erreur de jeunesse et scénario programmé ? Le «secret» était tel que la toile s'enflammait au rythme des rumeurs les plus farfelues. La question n'était pas tant de savoir précisément qui portera le maillot numéro 15 en Egypte. Elle avait surtout trait à la manière de qualifier ledit repêché. L'heure tardive de l'annonce de l'exclusion de Belkebla ne laissait pas une marge de manœuvre importante pour le secrétariat de la FAF. Et envoyer le nom hors délais supposait l'existence d'une raison valable pour convaincre les organisateurs de la CAF du changement. Viendra alors l'idée d'un changement de joueur pour raison médical d'autant plus qu'un scénario imprévisible s'est créé de lui-même lors de la séance nocturne du mercredi. Le Napolitain Adem Ounas, arrivé à Sidi Moussa avec la séquelle d'une blessure contractée en club, s'est foulé la cheville et l'alerte fut donnée aussitôt. Les médecins hésitaient à trancher sans avoir exploré le blessé en profondeur, tandis que Belmadi s'est montré rassurant. «Ce n'est pas grave», a-t-il dit à la fin de l'entraînement. Jeudi alors que les spéculations allaient bon train sur le remplaçant de Belkebla, Ounas est même déclaré apte à reprendre dès vendredi le travail préparatoire avant qu'une autre information ne le donne out pour une petite semaine. Mais alors qui remplacera Belkebla ? La FAF, comme Belmadi, sur les écrans de BeIn Sport, ne communiquent point. Jusqu'en fin d'après-midi où le site de la fédération lève le voile sur le choix porté par Belmadi. En trois lignes et 46 mots il est écrit : «Le sélectionneur national, Djamel Belmadi a inclu le nom d'Andy Delort dans la liste des 23 sélectionnés pour la CAN 2019. L'attaquant de Montpellier (France) rejoindra le groupe en stage à Doha (Qatar), aujourd'hui, et prendra part à son premier entraînement ce vendredi 14 juin». Aux coups de 22h à Alger (minuit à Doha), l'avion qui transportait le Montpelliérain se pose sur le tarmac de Hamad International Airport. Delort en tenue de «service» (pull blanc-short vert) est vite happé par les agents d'accueil de la FAF et de l'ambassade qui le dirigent immédiatement vers le Kempenski Hôtel où la délégation algérienne a élu domicile depuis samedi passé. Il n'a pas à perdre de temps pour rattraper son retard d'une dizaine de jours avec les Verts et entamer une première aventure sous le drapeau de la sélection d'origine de sa maman. Qualifié par la Fifa ? Reste qu'outre le déficit sur le registre de la préparation, Andy Delort doit espérer sa qualification par la Fifa pour changer sa nationalité sportive. International U20 avec la France, Delort a besoin d'un visa de la part de la FFF et de l'instance internationale pour pouvoir évoluer chez les Verts. Son dossier transmis quelques jours avant la fin de la saison en France a mis du temps pour être validé. Belmadi qui se réjouissait de l'état d'esprit du joueur qui avait engagé, seul, la procédure de naturalisation n'a pas voulu prendre le risque de l'inclure dans sa liste finale pour la CAN-2019 malgré la cascade de défections enregistrée au niveau du compartiment offensif. C'est pourquoi, contre toute attente, il retiendra Islam Slimani absent des terrains depuis le 22 février. Un choix contesté par les observateurs et que Belmadi a semble-t-il regretté après la prestation de l'ancien attaquant du CR Bélouizdad pendant les 20 minutes qu'il a disputées en amical face au Burundi. Sinon pourquoi se permettre d'emmener en Egypte 3 avant-centre alors qu'il avait besoin d'un autre apport, poste pour poste avec Belkebla, au milieu ? La manière avec laquelle Delort est intronisé chez les Verts laisse penser que le scénario est murement réfléchi. Une preuve ? L'annonce faite par la FAF de la sélection de Delort à la place de Belkebla a été accompagnée par un portrait du joueur avec le maillot de la sélection algérienne et que le maillot numéro 15 attribué initialement à Belkebla a changé de nom. Peut-être bien que la technique de Photoshop a été mise en œuvre sinon que l'équipementier, Adidas qui a son siège à Paris, a été sollicité pour un shooting spécifique avec Delort avant qu'il n'embarque en direction de Doha. Le plus important désormais est d'attendre une réponse favorable de la Fifa et celle encore plus positive du baroudeur de Montpellier sur les terrains d'Egypte. M. B.
Il a interrompu ses vacances en Corse Delort : «Un rêve qui se réalise» Il s'était préparé à tout sauf à faire le joker de l'extra-time. Delort qui avait déposé son dossier de naturalisation et obtenu ses papiers algériens en un éclair, espérait être qualifié par la Fifa pour pouvoir faire partie des 23 Verts pour la CAN-2019. Une perspective qui l'a contraint à poursuivre ses entraînements en dépit de la fin du championnat en France. Mais à l'annonce de la liste par Belmadi, il dut se résigner en souhaitant même bonne chance à l'EN de Belmadi. Et partira, le plus naturellement du monde, en vacances en Corse avec sa petite famille. Mais, comme un «mektoub» qui n'a pas de signes annonciateurs, le voilà réembarqué dans le navire par la grâce d'un improbable concours de circonstances. Pour Andy Delort, il s'agit d'«Un rêve qui se réalise». Ce sont ses seuls mots lors de son arrivée à Doha où l'attendaient Meddane, le manager de l'EN et des membres de la délégation avant de filer en direction de l'hôtel. Pour un long et réparateur sommeil plein de «rêves» ? M. B.