Le traitement des affaires de corruption se poursuit et se poursuivra encore de longs jours durant révélant l'ampleur du phénomène, ses relais tentaculaires, et, qu'on le veuille ou non, l'état de pourrissement de bien de structures d'Etat ayant fonctionné dans l'illégalité la plus totale des décennies durant. Les dossiers sont traités au cas par cas, même s'ils sont tous d'une manière ou d'une autre liés aux hommes d'affaires déjà en prison, car d'autres suivront à l'évidence et sont désormais officiellement associés à des noms bien connus. Ici, suit la liste des personnalités qui ont été convoquées ce dimanche. Abdelghani Hamel : il a eu une nouvelle fois affaire avec la justice hier matin. Le procureur du tribunal de Blida l'a auditionné durant près de deux heures dans un dossier lié à l'ancien chef de Sûreté d'Alger. Selon nos informations Hamel aurait nié toutes les informations transmises à la justice par Nourredine Berrachdi affirmant qu'il ignorait tout des relations que ce dernier entretenait avec Kamel El Bouchi. Bien qu'il s'en défende, le nom de l'ancien patron de la DGSN est intimement lié à la découverte des 701 kg de cocaïne, mais il est également poursuivi dans plusieurs autres dossiers liés à la corruption qui lui ont valu deux convocations précédentes au tribunal de Abane-Ramdane et une autre à Tipasa. Comme ses deux fils, Abdelghani Hamel est frappé d'ISTN (interdiction de sortir du territoire national). Karim Djoudi : il a été placé sous contrôle judiciaire par le procureur de la Cour suprême qui l'a écouté durant une bonne partie de la matinée. Plusieurs fois ministre sous le règne Bouteflika, il est poursuivi pour corruption, octroi d'avantages à des hommes d'affaires et passation de contrats de manière irrégulière. Comme Abdelghani Zaâlane, il lui a été ordonné de restituer ses documents de voyage et signer chaque mois un P-V chez le juge. Karim Djoudi est naturellement lui aussi frappé d'ISTN. Amar Tou : l'ancien ministre des Transports a comparu lui aussi devant le procureur de la Cour suprême. Il est poursuivi dans l'affaire ETRHB de Haddad. Après plus de 4 heures d'audition, il a été placé sous contrôle judiciaire. Ahmed Ouyahia et les frères Eulmi : la descente aux enfers de l'ancien Premier ministre se poursuit. Trois jours seulement après son incarcération à la prison d'El-Harrach, il a été amené à quitter le pénitencier pour se rendre au tribunal Sidi-M'hamed où il a été auditionné dans le cadre d'une autre très grosse affaire, celle de Sovac. Des informations très fiables font savoir que Ouyahia a contribué de très près à la construction de l'empire El Eulmi, patron de l'usine de montage véhicule Volkswagen, mais en agissant de manière assez singulière puisque, nous dit-on, il transmettait des instructions verbales aux cadres des institutions ou organismes d'Etat chargés de faciliter la tâche au patron de Sovac. Le dossier est très lourd, nous dit-on, et implique y compris le fils de l'ancien Premier ministre déjà poursuivi pour activités douteuses dans d'autres dossiers. L'enquête autour de l'empire Eulmi et de son frère du reste puisqu'il a été placé en garde à vue en même temps, a entraîné la convocation de plus d'une cinquantaine de cadres du CPA (Crédit populaire algérien) du ministère de l'Industrie et de l'entreprise Sovac. On a noté aussi la comparution de l'ancien P-dg du CPA. Il était en poste au moment où des crédits ont été octroyés à Eulmi pour la concrétisation de ses affaires. Les auditions se sont déroulées tout au long de l'après-midi et se sont prolongées bien au-delà. Elles pourraient également se poursuivre demain, nous dit-on, en raison du nombre de personnes convoquées. Youcef Yousfi : l'ancien ministre de l'Energie et des Mines a comparu lui aussi hier dans l'affaire Sovac. Soupconné d'octroi d'avantages à Eulmi, de passation de contrats irréguliers, il se trouve également poursuivi dans l'affaire Tahkout, un homme d'affaires que l'on dit avoir évolué sous l'aile protectrice d'Ouyahia. Youcef Yousfi sera prochainement auditionné en tant qu'accusé par la Cour suprême. Abla Chérif