Une première ! Des partis de la mouvance démocratique ont tenu, hier à Alger, une réunion de concertation sur la situation exceptionnelle que traverse le pays notamment depuis le 22 février, date du déclenchement d'une mobilisation populaire massive contre le système politique. Karim Aimeur – Alger (Le Soir) – Le Front des forces socialistes (FFS), le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), le Parti des travailleurs (PT), le Parti socialiste des travailleurs (PST), l'Union pour le changement et le progrès (UCP), le Mouvement démocratique et social. (MDS) et le Parti pour la laïcité et la démocratie (PLD) ont ainsi décidé de se départir de leurs divergences. Le président de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'Homme (LADDH), Noureddine Benissaâd, s'est joint à ces partis. Jil Jadid de Sofiane Djilali a participé à la rencontre mais son représentant n'a pas signé la déclaration finale, prétextant la consultation des instances du parti. Pour la première fois, les démocrates qui ont décidé de se concerter n'ont pas invité les partis islamistes connus pour l'opportunisme de leurs positions politiques, ni les personnalités de cette mouvance. A la fin de la rencontre, un « appel aux forces de l'alternative démocratique» a été lancé. «Le peuple algérien après son soulèvement contre le colonialisme à travers une révolution devenue un exemple pour le monde entier et source d'inspiration pour les peuples opprimés, le voilà aujourd'hui en train de mener sa deuxième révolution, pacifique et unitaire pour imposer le changement radical pacifique et démocratique du système sous l'admiration de tous les pays. La détermination reste inébranlable et l'espoir immense», écrivent d'entrée les signataires de l'appel. Et de regretter que le pouvoir en place ne soit pas disposé à saisir le sens profond de cet événement sans précédent depuis l'indépendance, en l'accusant de persévérer obstinément dans le déni de la réalité et de faire le choix du pourrissement et la manipulation. Pour eux, le rassemblement des forces de l'alternative démocratique est le seul à même de traduire fidèlement cette profonde aspiration populaire. «Il est vain de croire à l'existence d'une issue positive à ce conflit dans le cadre de l'ordre actuel. Ni le pouvoir, ni ses diverses excroissances ne sont en mesure de constituer un recours», estiment-ils, expliquant que « le sursaut citoyen, de par son caractère pacifique et massif, est une chance pour le pays». «C'est une force capable d'engager le pays dans la voie de la souveraineté populaire, de la modernité et du progrès», ont-ils insisté. Les signataires de l'appel soutiennent que la transition démocratique n'est pas un choix mais plutôt une nécessité. La priorité en vue d'amorcer une véritable transition démocratique est, selon eux, de libérer une dynamique politique de construction d'un Etat de droit et des libertés de la société. «Aujourd'hui, ont-ils souligné, l'urgence est d'élaborer une solution politique ambitieuse, raisonnable et réalisable, loin des règlements de compte et des calculs étroits. Elle vise à mettre fin à ce régime dictatorial et changer radicalement le système en vue de propulser le pays d'un ordre constitutionnel obsolète vers un ordre démocratique ». Les participants à la réunion ont décidé d'organiser une autre réunion ce 26 juin. Ils affirment que l'heure est à la concertation et au dialogue des forces progressistes afin de construire un pacte politique consensuel qui définira par la suite les contours du processus de transition démocratique dans notre pays. Dans ce contexte, ils ont invité les autres acteurs politiques, les syndicats autonomes, le mouvement associatif ainsi que les personnalités nationales indépendantes et la communauté algérienne à l'étranger, qui se reconnaissent dans l'appel, à se joindre à l'initiative de concertation et de dialogue sans préalable. Les signataires de l'appel ont enfin exigé la libération immédiate et sans conditions de tous les détenus d'opinion, condamné la judiciarisation de l'action politique comme c'est le cas de la SG du PT et demandé la levée de toutes les entraves aux droits d'expression, de réunion et de manifestation. K. A.