La semaine a été pénible. Les Algériens, qui sont obligés de regarder le 20 h de l'ENTV pour les raisons que vous savez, se sont encore tapé une manœuvre militaire, un discours en «plénière» et, fait nouveau, une… réunion de commission ou micros et caméras étaient convoqués. On se plaignait d'une télévision squattée par le Président, voilà que ça a changé ; nous avons maintenant une télé occupée par le… vice-ministre de la Défense ! La semaine a été pénible. Depuis le début du soulèvement populaire, l'emblème amazigh a côtoyé le drapeau national sans problème. Non seulement il n'a pas « divisé » mais il a raffermi des liens, dissipé des malentendus et parfois donné lieu à d'émouvantes scènes de tendresse. Pourquoi Gaïd Salah est venu remuer dans ces zones-là ? Allez savoir. Trois explications qui se tiennent plus ou moins. La première, classique, est celle de la provocation : mettre le feu aux poudres pour justifier une intervention musclée qui donne du crédit à un pouvoir de «rétablissement de l'ordre». La deuxième parle d'une stratégie interne qui veut livrer le chef d'état-major à la colère populaire pour justifier son remplacement. Un peu tiré par les cheveux mais ce n'est pas totalement insensé. La troisième, un peu farfelue est qu'il ne visait pas l'emblème amazigh mais d'autres étendards qu'il… n'osait pas nommer. Le drapeau du MAK, le drapeau palestinien ? Il fallait attendre vendredi pour être fixés. Et encore ! La semaine a été pénible. On pensait que les «campagnes d'explication du discours du Président» inaugurées sous Chadli étaient d'une autre ère géologique, les voilà revenues. Après chaque discours de Gaïd Salah, une armée de docteurs, d'experts, d'analystes en tout et experts en rien du tout se mobilise pour nous expliquer… ce que veut dire le général ! Ce n'est pas particulièrement gratifiant pour lui mais bon… Le problème est qu'au bout, on n'aura pas été plus éclairés. Ou on est vraiment édifiés sur le sens de son propos, c'est-à dire plus grave qu'on ne le pensait ! La semaine a été pénible. Dans leurs conditions souvent très dures, les Algériens ont souvent oublié leurs problèmes quotidiens dans le foot. Une passion imperturbable, transcendante les arrache un moment à une réalité pas vraiment agréable à vivre. Jamais une Coupe d'Afrique des Nations n'aura été aussi tiède, aussi peu passionnante pour les… passionnés. Si le Pouvoir n'a pas compris la lame de fond avec ça, c'est qu'il ne veut pas comprendre. Pour la petite histoire, on est presque surpris qu'il n'ait pas envisagé un «pont aérien» pour le Caire. Là, il a certainement compris. Après tous les revers qui ont sanctionné tous ses tours de passe-passe, il ne pouvait pas se permettre l'affront… d'avions vides. Oum Dorman, c'est déjà de l'histoire à ajouter à l'ensemble de son œuvre. S. L.