Depuis quelques jours, des rumeurs persistantes ont fait état d'une imminente démission du Premier ministre, Noureddine Bedoui. Ce week-end, des médias, se basant sur des confidences de sources officielles, ont annoncé le départ du gouvernement Bedoui cette semaine. Karim Aimeur – Alger (Le Soir) - Il s'agirait d'une concession au mouvement populaire qui réclame le départ des symboles du système avant tout entame de dialogue et de processus électoral. Au 18e vendredi de la contestation, la détermination populaire ne laisse aucune place à la manœuvre pour détourner l'objectif de la révolution. Le pouvoir a-t-il donc décidé de céder sur un des « B » contesté ? Dans les différentes wilayas du pays, les manifestants, mobilisés par millions, demandent un changement radical du système, le départ de ses figures publiques notamment le chef de l'Etat, Abdelkader Bensalah et le chef du gouvernement, Noureddine Bedoui. Mais dans ses différentes interventions, le chef de l'état-major de l'armée refuse de faire la moindre concession, plaidant et insistant sur une solution dans le cadre de la Constitution. D'où l'impasse totale : les millions de manifestants, la classe politique et la société civile d'un côté réclame l'entame d'une transition et de l'autre côté, Gaïd Salah refuse catégoriquement cette solution. La mobilisation populaire massive qui a déjoué toutes les manœuvres et diversion peut infléchir la position du pouvoir. D'où la décision de sacrifier Bedoui tout en gardant Bensalah. Les mêmes sources ont annoncé le nom du successeur de Bedoui. Il s'agit de l'ancien ministre de la Communication, Abdelaziz Rehabi. Ce dernier qui est, faut-il le rappeler, un partisan de la transition démocratique, ne s'est pas exprimé sur la question et n'a pas affiché ses intentions. Mais dans ses récentes interventions publiques, il a insisté sur la nécessité pour les Algériens de faire des concessions dans le cadre d'un débat politique réel à entreprendre en urgence afin de préserver la stabilité du pays. Pour lui, on ne peut pas prétendre à organiser des élections dans les conditions actuelles. En tout état de cause, le gouvernement Bedoui participe au blocage du pays puisque ses ministres ne tiennent aucune activité ou sortie sur le terrain. Ils sont systématiquement chassés par les citoyens. Bedoui est impliqué dans l'affaire d'Ali Haddad qui l'a cité dans le cadre de ses poursuites pour possession de deux passeports. Des ministres actuels sont également poursuivis dans des affaires de corruption. Les activités du Premier ministre sont réduites à leurs dimensions protocolaires. Mercredi dernier, il a été reçu par le chef de l'Etat, Abdelkader Bensalah, lui aussi largement contesté par le peuple qui exige son départ. Les deux ont abordé « les mesures à prendre concernant l'organisation du dialogue politique et les mécanismes de relance du processus électoral », selon un communiqué de la présidence de la République. Karim Aimeur