Après une semaine de répit, en raison de la coïncidence de l'Aïd avec le mardi passé, journée de manifestation hebdomadaire depuis le début du mouvement le 22 février, les étudiants ont renoué, hier, avec la protestation. Dans plusieurs villes du pays, ils ont battu le pavé, maintenant ainsi la pression sur le système politique, appelé à prendre ses bagages. Karim Aimeur - Alger (Le Soir) - Contrairement aux mardis précédents, la marche des étudiants à Alger a été entamée à partir de la place des Martyrs où ils se sont rassemblés dès le matin. La procession humaine s'est ébranlée avec les slogans habituels contre le régime, en faveur de l'instauration d'un Etat de droit, contre l'organisation des élections par le pouvoir actuel et contre le dialogue avec ses figures décriées. La prolongation du mandat de Bensalah au-delà de 90 jours est catégoriquement rejetée par les manifestants. Un dispositif sécuritaire draconien a été déployé dans le centre de la capitale, fermant tous les accès vers le palais du Gouvernement et le siège de l'APN, quadrillant minutieusement la Grande-Poste et bouchant le tunnel des Facultés. Les manifestants ont scrupuleusement évité de s'approcher des cordons sécuritaires, respectant le mot d'ordre du caractère pacifique de la marche. Ils ont emprunté les rues Ali-Boumendjel, Larbi-Ben-Mehidi, l'avenue Pasteur, le boulevard Amirouche, la place Audin avant de finir par un rassemblement au niveau de la Grande-Poste, à proximité du cordon sécuritaire. A travers leurs slogans, leurs pancartes et leurs banderoles, les étudiants ont dit non à un Etat militaire en lui préférant un Etat civil. Ils maintiennent leur position de rejet de tout dialogue avec le système tant que ses figures sont maintenues, en premier lieu le chef de l'Etat, Abdelkader Bensalah, et le Premier ministre, Noureddine Bedoui.Ils rejettent également tout processus électoral qui sera organisé par le même pouvoir avec les mêmes lois et le même dispositif de fraude mis en place par « les bandes ». Pour eux, Bensalah et Bedoui font partie d'une machine de fraude. En effet, le Premier ministre était le ministre de l'Intérieur lors des dernières élections locales et législatives entachées de fraude selon les partis de l'opposition. Il était aussi au même poste lorsque les 6 millions de signatures ont été collectées en faveur de la candidature de Bouteflika. Jusqu'à aujourd'hui, l'on ignore comment ces 6 millions de signatures ont été réunies. Les manifestants ont plaidé pour une véritable transition démocratique qui mettra fin au système politique érigé depuis l'indépendance. Des étudiants de l'USTHB plaident pour la transition. « La transition est l'affaire du peuple », lit-on sur une large banderole déployée par des étudiants de l'USTHB. Les manifestants ont rejeté également la prolongation du mandat de Bensalah fixée par la Constitution à 90 jours. Dons son dernier discours, le chef de l'Etat a annoncé qu'il se maintient jusqu'à l'élection d'un nouveau Président suite à l'annulation du scrutin du 4 juillet. « Bensalah, tu ne resteras aucune minute de plus », ont entonné les étudiants. Un slogan qui rappelle celui lancé juste après l'annonce de Bouteflika d'annuler l'élection du 18 avril et de prolonger son quatrième mandat jusqu'à la transmission du pouvoir à un nouveau Président. La suite est connue. Bouteflika sera éjecté avant même l'expiration de son mandat. « Ils parlent du respect de la Constitution et d'une solution constitutionnelle. Qu'ils respectent alors cette Constitution qui fixe le mandat du chef de l'Etat intérimaire à 90 jours. Nous étions contre cette solution dès le départ car nous savions que c'était une perte de temps pour le pays », explique un manifestant. K. A.