Quelle sera la prochaine étape? L'actuelle phase est qualifiée de «cruciale», avant de passer à une transition progressive et négociée avec le pouvoir effectif. Après le 11e vendredi de mobilisation, le processus de transition démocratique n'est pas encore amorcé! «La balle est dans le camp de l'institution militaire, qui tourne le dos jusqu'ici aux demandes du mouvement», s'accordent à dire des observateurs. Il ne reste pour l'institution militaire que de franchir un autre cap décisif: «la démission immédiate de Abdelkader Bensalah et son remplacement par une personnalité crédible, intègre, sans aucun lien avec le régime Bouteflika et qui sera acceptée par le mouvement populaire»,indique-t-on. C'est ce dernier qui sera «l'interlocuteur» du mouvement dans le cadre d'un dialogue constructif direct ou indirect. Il sera chargé d'appliquer la feuille de route du mouvement. Cette solution parmi d'autres, permet de sortir de l'impasse politique actuelle, dans laquelle a été poussée l'Algérie par les promoteurs du 5e mandat. Le départ de Bensalah et du gouvernement Bedoui, est une condition sine qua non pour amorcer le processus de sortie de crise. Il ne sert à rien de reproduire les mêmes pratiques consubstantielles au régime précédent, en «commençant à prêter allégeance à l'armée», indique-t-on. Pour préserver intact le consensus national autour d'elle, l'institution militaire «doit s'éloigner de la sphère politique». Par ailleurs, les manifestants ne comptent pas faire marche arrière. Cette révolution déclenchée le 22 février dernier semble avoir un long souffle. Les manifestants qui descendent dans la rue chaque vendredi, chaque mardi et dimanche pour la communauté algérienne à l'étranger, disent qu'ils n'ont plus besoin de discours, mais «ils attendent des décisions» permettant d'aller à une vraie transition démocratique. Le refus d'une transition sous le président par intérim, Abdelkader Bensalah et le Premier ministre, Noureddine Bedoui, fait consensus au sein de la population. La rue a réaffirmé le niet à l'offre de dialogue avec, au bout, la tenue d'une élection présidentielle, lancée par le chef d'état-major. Les manifestants exigent aussi le départ des 2 B (Bensalah et Bedoui), les deux principales figures du système. Le pouvoir ne veut rien céder en voulant imposer l'élection du 4 juillet, dans «le cadre de la Constitution».