Il s'agit sans doute de l'information la plus importante à retenir de ce week-end en matière de justice : Abdelghani Hamel et trois de ses enfants ont été incarcérés à la prison d'El-Harrach et son épouse placée sous contrôle judiciaire après avoir été inculpés dans une grosse affaire liée à la corruption et l'enrichissement illicite. Abla Chérif - Alger (Le Soir) - Arrivé dans la matinée de jeudi au tribunal de Sidi-M'hamed, l'ancien DG de la Sûreté nationale et tous les membres de sa famille ont été auditionnés durant de très longues heures par le procureur de la République qui les poursuit pour des faits graves et tous liés, de manière directe ou indirecte, au trafic d'influence auquel s'est adonné le principal concerné durant l'exercice de ses fonctions pour parvenir à son enrichissement personnel et celui de ses enfants que l'on sait versés dans des affaires douteuses. Abdelghani Hamel est arrivé sur les lieux aux environs de 9h du matin mais n'a donc pu en ressortir libre comme les autres fois. Sa mise sous mandat de dépôt a été décidée très tard, dans la nuit de jeudi à vendredi, et son transfert vers la prison d'El-Harrach fut opéré environ une heure plus tard. A ce moment, il laissait derrière lui quatre de ses enfants, trois fils et une fille qui le rejoindront quelques heures plus tard. Il faut savoir que des informations contradictoires circulaient, cependant, au sujet du sort réservé à la fille Hamel. Les avocats n'ont pu confirmer si elle avait réellement été placée en détention provisoire ou avait bénéficié, comme sa mère, d'un contrôle judiciaire. La zone d'ombre devrait être clarifiée avec le traditionnel communiqué de justice qui sanctionne chaque fin de traitement d'une affaire. Auditionnés, dès les premières heures de la journée de vendredi, les fils Hamel ont été placés en détention provisoire par un procureur en possession «d'un dossier bien solide», affirment des sources bien au fait de l'affaire. Comme leur père, les enfants Hamel étaient dans le collimateur de la justice depuis un long moment. Une information judiciaire a été ouverte il y a deux mois sur la base d'une enquête préliminaire menée par des éléments de la Gendarmerie nationale. Ces derniers se sont intéressés de près à tous les biens, entreprises et marchés conclus par la fratrie. L'un des trois fils, Ameyar Hamel, a également comparu, il y a quelques semaines, devant le juge de la 9e chambre du Pôle pénal du tribunal de Sidi-M'hamed où le juge instructeur l'a auditionné en qualité de témoin sur ses activités commerciales avec Kamel Chikhi, principal prévenu dans l'affaire des 701 kg de cocaïne. A la fin du mois d'avril dernier, son frère aîné avait, quant à lui, comparu avec son père auprès du tribunal de Tipasa pour «activités illégales» et «trafic d'influence». Ce jeudi, l'épouse de Abdelghani Hamel figurait, elle aussi, parmi les membres de la famille convoqués par la justice. Cette dernière a été mise sous contrôle judiciaire, peu de temps après la décision d'incarcération de son époux. Il faut aussi savoir que dix-neuf personnes ont comparu entre la journée du jeudi et vendredi. Parmi eux se trouvent des promoteurs immobiliers mais aussi quatre anciens walis ont été auditionnés et sont poursuivis pour octroi d'indus avantages à la famille Hamel. Il s'agit des anciens walis d'Oran, Tlemcen, Tipasa et Alger. L'ancien wali d'Oran, Abdelmalek Boudiaf, a occupé, ensuite, la fonction de ministre de la Santé. Mardi, une information largement relayée et non démentie, affirmait, d'ailleurs, qu'il se trouvait au niveau de la brigade de gendarmerie de Bab Jdid et qu'il avait été auditionné de longues heures pour des affaires liées à la corruption. Son dossier, celui de Abdelkader Zoukh et ceux des autres walis concernés ont été transmis hier à la Cour suprême par le tribunal de Sidi-M'hamed. A. C.